Sexe(s) en scène(s)

International audienceLe terme se veut provocateur ou racoleur? Il n'est que l'expression de cette Espagne de la Transition à la démocratie qui a fêté la libération des corps, corps et corps social, pour exalter les vertus du désordre et de "l'orgiaque" : le sexe a envahi la presse, le cinéma, la littérature, le théâtre. Le sexe à tout prix a marqué un théâtre où la nudité et toutes les provocations du corps se sont exprimées sur scène, pour célébrer la fin d'une période de répression qui avait jeté l'anathème sur le corps. Cependant le sexe était là aussi, omniprésent, dans le théâtre underground des années soixante-dix : un théâtre qui mettait en scène des rituels macabres, cérémonies dégradées de l'érotisme angoissé où mort et sexe étaient l'envers et le revers d'une même réalité, où le rituel sacrificiel côtoyait la fête carnavalesque la plus débridée. Un théâtre où les textes d'Artaud et de Bataille ont trouvé un écho tout particulier. Ce livre, qui réunit des spécialistes du théâtre contemporain et des auteurs dramatiques (José Sanchis Sinisterra, Ernesto Caballero, Alfonso Zurro, Itziar Pascual, Gracia Morales, Borja Ortiz de Gondra), nous parle surtout des textes et montages les plus récents mais aussi, bien sûr, des théâtres de la période franquiste et des années soixante-dix. Sexe et "théâtralité", sexualité et société, sexualité et mort, sexualité et pouvoir, tels sont les points d'ancrage des différentes réflexions développées ici. Au-delà des différences contextuelles, le sexe a été et semble être le moyen de revivifier un théâtre espagnol en perte de "théâtralité", coupé de son origine et de son essence: les fêtes dionysiaques