Étude de la consommation de substances psychoactives et de ses facteurs associés : méta-analyse des études en populations étudiantes

The study of the consumption of psychoactive substances in the student population is a subject that has been increasingly addressed over the past 20 years, and constitutes a concern given the changes observed in this population of young subjects at risk of long-term consequences. . However, the great heterogeneity of the studies led us to carry out a meta-analysis, with as main objective, the comparison of consumption between health sectors and other university courses, and as secondary objectives, the impact of geographical and temporal factors, as well as the determinants of mental health. The meta-analysis was carried out using 13 databases, allowing the collection of 193 articles, of which 42 met the inclusion criteria, covering the period from 1978 to 2021, from 11 countries and including 117,217 subjects. After extraction and homogenization of the results, the analysis was carried out with the Jamovi software (version 1.6.23), according to the DerSimonian-Laird random model. Different moderators of interests were assessed using meta-regressions when the number of studies was sufficient. One in five students has used a "drug" at least once in their life, with average age and smoking status appearing to be positively associated. A third of the students have used cannabis at least once in their life, the positively associated moderators being the length of the study, the United States - Canada zone and the health sector. Concerning alcohol, 1% of the students had a daily consumption, with moderators positively associated with the Tunisia-India-Lebanon zone, a younger age and the consumption of amphetamines at least once in their life. Consumption in a "binge drinking" mode concerned 21% of students, with moderators positively associated with younger age, smoking status and the health sector of studies. Regarding prescriptionals psychoactive drugs, 13% of students had taken them at least once in their life, with the negatively associated moderators being the male-female ratio, smoking status and ecstasy consumption. However, for all of these results, there was considerable heterogeneity (I2 > 75%). Only 7 studies assessed anxiety and depressive symptoms (HAD scale), more frequently when dealing with health sector's students. Anxiety scores were higher than those of depression, 4 studies including 2 concerning the health sectors indicated abnormal anxiety scores. The 7 studies evaluating the perception of stress (PSS scale) showed higher scores when it came to students from non-health sectors. This work has made it possible to make an inventory of consumption in a student environment, taking into account their evolution and their geographical differences, as well as the determinants in terms of mental health even if the latter have been have been few explored. In accordance with changes in practices, polydrug use is frequent, and smoking status would be a relevant indicator. Health students were distinguished by higher consumption, a higher level of anxiety but a lower perception of stress compared to students in other courses. However, there are biases in this analysis, among others linked to a large number of French studies, and limits linked to the heterogeneity of the indicators used, the quality and the comparability of the studies included. This work opens up prospects aimed in particular at understanding the specificities of the health sector through a study that would provide answers to the questions raised by this meta-analysis, as well as the implementation of identification actions (example of smoking status), prevention and support within the various sectors of study.L’étude de la consommation de substances psychoactives en population étudiante est un sujet de plus en plus abordé au cours des 20 dernières années, et constitue une préoccupation compte-tenu des évolutions observées dans cette population de sujets jeunes à risque de conséquences à long terme. Cependant, la grande hétérogénéité des études nous a conduit a réalisé une méta-analyse, avec comme objectif principal, la comparaison des consommations dans les filières de santé et des autres cursus universitaires, et comme objectifs secondaires, l’impact des facteurs géographiques et temporels, ainsi que les déterminants en termes de santé mentale. La méta-analyse a été réalisée à partir de 13 bases de données, permettant de collecter 193 articles, dont 42 ont rempli les critères d'inclusion, couvrant la période de 1978 à 2021, issus de 11 pays et incluant 117 217 sujets. Après extraction et homogénéisation des résultats, l'analyse a été conduite avec le logiciel Jamovi (version 1.6.23), selon le modèle aléatoire de DerSimonian-Laird. Différents modérateurs d'intérêts ont été évalués à l'aide de méta-régressions lorsque le nombre d'études était suffisant. Un étudiant sur cinq a consommé une "drogue" au moins une fois dans sa vie, l'âge moyen et le statut fumeur apparaissant positivement associés. Un tiers des étudiants ont consommé du cannabis au moins une fois dans sa vie, les modérateurs positivement associés étant l'ancienneté de l'étude, la zone Etats-Unis - Canada et la filière santé. Concernant l'alcool, 1% des étudiants avaient une consommation quotidienne, avec comme modérateurs positivement associés la zone Tunise-Inde-Liban, un âge plus jeune et la consommation d'amphétamines au moins une fois dans sa vie. La consommation sur un mode "binge drinking" concernait 21% des étudiants, avec comme modérateurs positivement associés un âge plus jeune, le statut fumeur et la filière santé. Concernant les médicaments psychoactifs, 13% des étudiants en avaient consommés au moins une fois dans sa vie, avec comme modérateurs négativement associés le ratio hommes-femmes, le statut fumeur et la consommation d'ecstasy. Cependant pour l'ensemble de ces résultats, il existait une grande hétérogénéité (I2 > 75 %). Seules 7 études ont évalué les symptômes anxieux et dépressifs (échelle HAD), plus fréquemment lorsqu'ils s'agissaient d'étudiants en santé. Les scores d'anxiété étaient plus élevés que ceux de la dépression, 4 études dont 2 concernant les filières de santé indiquaient des scores anormaux d'anxiété. Les 7 études évaluant la perception du stress (échelle PSS) ont montré des scores plus élevés lorsqu'il s'agissait d'étudiants issus des filières hors santé. Ce travail a permis de faire un état des lieux des consommations en milieu étudiant, prenant en compte leurs évolutions et leurs différences géographiques, ainsi que les déterminants en termes de santé mentale même si ces derniers ont été peu étudiés. Conformément aux évolutions des pratiques, la polyconsommation est fréquente, et le statut fumeur constituerait un indicateur pertinent. Les étudiants en santé se sont distingués par des consommations supérieures, un niveau d'anxiété plus élevé mais une plus faible perception du stress comparativement aux étudiants des autres cursus. Il existe cependant des biais dans cette analyse, entre autres liés à un nombre important d'études françaises, et des limites liées à une hétérogénéité des indicateurs utilisés, de la qualité et de la comparabilité des études incluses. Ce travail ouvre des perspectives visant notamment à comprendre les spécificités de la filière santé au travers d'une étude qui apporterait des réponses aux questions soulevées par cette méta-analyse, ainsi que la mise en place d'actions de repérage (exemple du statut fumeur), de prévention et d'accompagnement au sein des différentes filières d'étudiants