Être ou ne pas être NEET? La complexité des transitions études-marché de l'emploi à Bruxelles

Suivant les recommandations de l’union européenne, les pouvoirs publics à Bruxelles ont mis en place des stratégies de lutte contre le décrochage scolaire et le chômage des jeunes. Néanmoins, l’approche massive de ces stratégies risque de ne pas atteindre ses objectifs, faute de reconnaître la diversité de situations et des trajectoires menant au décrochage ou au chômage. En particulier, les programmes qui visent les jeunes labellisés comme « NEET », menés dans le cadre de l’initiative pour l’emploi des jeunes en collaboration avec le Fonds social européen, semblent réifier « les jeunes » et réduisent la problématique à une question d’employabilité personnelle. Ainsi, ces programmes tiennent peu compte du fait que la jeunesse fait partie intégrante de la question sociale qui, à Bruxelles, correspond à l’intense dynamique migratoire et aux processus de ségrégation spatio-résidentielle [Jacobs et Rea, 2007; Rea et al., 2009 ; Sacco et al., 2016]. Notre contribution avance une analyse critique de la catégorie « NEET » qui structure ces programmes et propose des indicateurs plus qualitatifs dont l’utilisation dans les politiques publiques bruxelloises permettrait d’atteindre les jeunes qui en ont le plus besoin. Notre analyse est basée sur une approche sociologique sur les inégalités qui permet de dégager à partir d’un matériel ethnographique récolté auprès des jeunes des quartiers populaires de la capitale une typologie NEET/non-NEET