Cet article a pour objet d’étudier les résurgences de la perte littéraire dans l’histoire de la littérature russe. Il propose donc une approche mémorielle de l’histoire littéraire centrée sur la notion de texte fantôme en montrant comment celle-ci traverse l’imaginaire scientifique de la textologie. Trois modalités de hantise y sont retenues : l’inachèvement, la disparition et la bifurcation. Parce qu’elle abonde en spectres de toutes sortes, l’œuvre de Fedor Dostoevskij se présente ici comme un réservoir d’exemples privilégiés. La mémoire des répressions staliniennes est également abordée à travers l’évocation des enquêtes philologiques de Vitalij Šentalinskij. L’article traite enfin du fantasme du roman total chez Ja...