Vidéos de violence dans les quartiers sensibles : forces de l’ordre, commissariats, écoles : production de vidéos de conflits contre l’État français

Le mémoire porte sur la production de vidéos par des bandes évoluant dans des quartiers sensibles attaquant des forces de l’ordre ou des symboles de l’autorité de l’État.Le travail s’attache à observer et analyser la place et le rôle du smartphone, ou du moins de la caméra, dans les phénomènes d’émeutes en France, et plus spécifiquement des émeutes de 2005, comme objet de « sousveillance », c’est-à-dire d’objet permettant de filmer l’autorité. Cette nouvelle pratique de la caméra, dont les premières tentatives viennent des États-Unis d’Amérique, a été dévoyée par les bandes pour en faire une arme d’intimidation. Les vidéos produites charrient un imaginaire guerrier, militaire, ainsi que des références de la mémoire de la France. Les vidéos sont faites sur le mode de l’ironie : l’objectif, pour des créateurs de vidéos jeunes et issus de l’immigration, est de tourner en dérision les symboles de l’autorité de l’État français. Il en résulte des vidéos d’une forte violence teintées de rire et de moquerie.Enfin, l’utilisation centrale de Snapchat, pour son caractère éphémère et l’imaginaire d’instantanéité qu’il porte, génère une ambiguïté sur le rapport entre réel et fictionnel. La brièveté des vidéos ainsi que la dimension spectaculaire des actes commis amènent à s’interroger sur la véracité de ce qui est vu