La rencontre du Japon et des institutions délibératives occidentales dans les dernières années de l'époque d'Edo (1603-1868)

International audienceLa conception classique de l'histoire des institutions politiques japonaises situe leur modernisation après la Restauration de Meiji en 1868. Cette vision occulte le fait que l'adoption progressive d'une certaine forme de constitutionnalisme à l'occidentale a été précédée d'un long processus de familiarisation avec les institutions occidentales, et en particulier les instances délibératives, au sein d'une partie des élites politiques et administratives féodales, au moins durant les trente dernières années ayant précédé la restauration de l'autorité impériale. Par divers biais - le comptoir de Dejima, la traduction d'ouvrages en langue chinoise puis l'envoi des premières missions à l'étranger - le Japon s'approprie, non sans difficulté, les notions de souveraineté , de délibération publique, de représentation. L'article se propose en conséquence d'étudier ce processus de réception, de voir comment les institutions délibératives occidentales ont été mises au service de projets de réforme tardifs de l'administration shôgunale et d'analyser les processus d'appropriation et d'incorporation conduisant à une culture politique hybride intégrant le confucianisme au principe "moderne" de délibération publique. Il conclut que la modernisation des institutions japonaises post-meijiéennes ne relève pas de la génération spontanée, mais a été en partie préparée, construite sur un terreau qui en a facilité l'essor