La naissance de l’artillerie japonaise moderne à la fin de l’époque d’Edo (1830-1868)

International audienceContrairement à une opinion répandue, la longue période de paix sous le Japon des Tokugawa n'a pas remisé les armes à feu au rayon des accessoires. Tout au long de cette période, de nombreuses écoles d'artillerie ont continué à fonctionner et à s'entraîner en dépit de l'obsolescence des matériels et d'absence d'usage sur le champ de bataille. Mais avec la multiplication des incursions étrangères dans les eaux de l'archipel aux confins des 18ème et 19ème siècles, la nécessité de renforcer les défenses côtières et de se doter d'une marine de guerre, et donc d'une artillerie navale capable d'affronter les flottes occidentales, se fit plus pressante. L'article fait ainsi le point sur les voies qui ont permis au Japon, encore fermé, de s'informer sur l'évolution des techniques occidentales, les initiatives concurrentes prises par les fiefs et le Bakufu pour se doter d'une artillerie moderne, tant du point de vue des techniques que tactique, du rôle des conseillers étrangers. Il constate que cette évolution n'a pas été linéaire, mais soumise aux aléas du leadership politique, tant à Edo que dans les fiefs, aux contraintes d'une culture guerrière dévalorisant l'usage des armes à feu et à la résistance des écoles traditionnelles d'artillerie craignant que la modernisation de l'appareil militaire ne se fasse à leurs dépens. Il souligne en particulier que ces velléités de réforme, à la faveur aussi des troubles intérieurs qui secouent le régime, vont néanmoins favoriser l'intégration des armes à feu dans les corps de bataille, élargissement les cercles de recrutement à des couches subalternes de soldats remettant en question le monopole de la fonction militaire, et de ses privilèges subséquents, de la classe des guerriers