Transmission de savoirs autochtones en Algérie et littérature à l’épreuve du regard post-colonial

La remise en question actuelle dans les sociétés maghrébines par les minorités qui s’y trouvent d’une identité unique éclaire sous un nouveau jour les productions de savoirs indigènes et l’histoire de leurs producteurs. Les études post-coloniales ont eu l’intérêt de faire repenser la capacité pour les subaltern de prendre eux-mêmes la responsabilité de la transmission de leurs savoirs (agency). La réalité historique est plus complexe et exige de prendre en compte la variabilité des perceptions de l’autochtonie, de leurs savoirs par leurs producteurs eux-mêmes suivant le moment historique, l’histoire des disciplines et de leurs rapports avec l’utilisation de ces savoirs dans la société au travers de la littérature (au sens large) produite par ces auteurs autochtones. L’étude sur la longue durée des productions littéraires algériennes pourrait être un angle d’observation des caractéristiques d’une création originale de soi qui va au-delà de la transmission de savoirs authentiques ou même de l’invention d’une tradition. La dimension réflexive du processus de connaissance inhérent à leurs productions les éloigne en effet autant d’une ethnographie autochtone qui serait un sous-produit de l’orientalisme que d’une assignation postcoloniale à l’autochtonie.Calling into question of a single identity in present-day Maghreb societies by the minorities living there sheds a new light the productions of native knowledge and the history of its producers. Post-colonial studies deserve credit for rethinking the subaltern’s ability to assume the responsibility to transmit their knowledge (agency). The historical reality is more complex and requires taking into account variability of the perception of natives, their knowledge by their producers themselves in accordance with the historical moment, the history of the disciplines and their relations with the use of this knowledge in society through the literature (in a broad sense) produced by those native authors. Studying over a long period of time the Algerian literary productions could be one standpoint from which to look at the characteristics of a specific creation of oneself which goes beyond the transmission of authentic knowledge or even the invention of tradition. The reflective scope of the knowledge process inherent to their productions, indeed, moves them away from a native ethnography which would be a by-product of orientalism as much as from a post-colonial assignment of nativeness