Étude qualitative sur la perception de l'accès aux soins secondaires à l'Ile de Sein et le ressenti des patients sur le développement de la télé expertise en cabinet de médecine générale

Context. Access to care for the population is a key issue in current health policies. This problem is mainly related to the unequal distribution of health professionals on the territory which would not allow in certain places to meet the demand for care. Telemedicine has been regulated by law since 2009 and reimbursed by the health insurance system since 2018. It has also been widely deployed in relation to its possible role in improving access to care in the most isolated areas. Aim. To explore the feelings of the inhabitants of the island of Sein, in a situation of geographical remoteness, regarding the constraints of access to secondary care and the perceived role of tele-expertise in the general practice as a possible development. Methods. Qualitative study conducted by means of semi-structured interviews with the inhabitants of the island of Sein between June and July 2021. An interpretative phenomenological analysis was conducted. Results. The 15 islanders interviewed during this study made it possible, first of all, to note, through the analysis of their discourse, the difficulties of physical and financial access to secondary care. Their feelings about this difficulty, the consequences in terms of delays in treatment and renunciation of care as well as the strategies put in place to deal with them emerged. Secondly, we investigated the feelings about the possible use of tele-expertise in general practice, allowing us to better characterize the possible criteria for use, the limits and the aspects perceived as positive or negative by the island's inhabitants. Conclusions. The phenomenon of difficulty in accessing care appeared to be widespread among the participants and was complicated by other factors of fragility such as age, pathologies, and social condition. The tele-expertise was perceived with enthusiasm, especially in relation to the support of the GP.Contexte. L’accès aux soins de la population constitue un enjeu incontournable des politiques de santé actuelles. Cette problématique est surtout mise en rapport avec l’inégale répartition des professionnels de santé sur le territoire qui ne permettrait pas en certains endroits de répondre à la demande de soins. Encadré par la loi depuis 2009 et remboursé par l’assurance maladie depuis 2018, la télémédecine a connu un déploiement important aussi en relation au possible rôle d’amélioration de l’accès aux soins dans les territoires plus isolés. Objectif. Explorer le ressenti des habitants de l’ile de Sein, en situation d’éloignement géographique, face aux contraintes d’accès aux soins secondaires et le rôle perçu de la téléexpertise au cabinet de médecine générale comme développement possible. Méthodes. Étude qualitative conduite par entretiens semi-dirigés auprès de 15 habitants de l’île de Sein entre juin et juillet 2021. Une analyse phénoménologique interprétative a été menée. Résultats. Les iliens interviewés avaient des difficultés d’accès physique et/ou financiers aux soins secondaires. Ils ont exprimé leurs ressentis de ces difficultés, les conséquences sur les retards de prise en charge et de renoncement aux soins et les stratégies mises en place pour y répondre. Sur la téléexpertise au cabinet de médecine générale, ils ont exprimé leur ressenti et spécifié les conditions d’utilisation, les limites et les aspects positifs et négatifs. Conclusions. Les difficultés d’accès aux soins apparaissaient répandues parmi les participants et complexifiée par d’autres facteurs de fragilité comme l’âge, les pathologies et la condition sociale. La téléexpertise était perçue avec enthousiasme surtout en lien avec l’accompagnement du médecin traitant. La présence du médecin traitant lors du premier contact avec le professionnel de deuxième recours était perçue comme susceptible d’améliorer le parcours de soins : délai de rendez-vous adapté au niveau d’urgence, meilleure préparation de la consultation et réduction des déplacements superflus