Télésurveillance de l'insuffisance cardiaque : la perception des médecins généralistes des Hautes-Alpes

Introduction : l’insuffisance cardiaque est une pathologie fréquente et grave, dont la prise en charge requiert une coordination importante des acteurs de soin. Pour répondre à ce besoin, le système de soin évolue et crée la télésurveillance, en place depuis mai 2021 dans le département des Hautes-Alpes. Les médecins généralistes sont amenés à modifier leurs habitudes du fait de l’avènement de ces nouvelles pratiques.Objectif : étudier la perception des médecins généralistes de l’intégration de leurs patients dans un programme de télésurveillance de l’insuffisance cardiaque.Méthode : l’étude qualitative a été menée auprès des médecins généralistes des Hautes-Alpes. Les entretiens semi-dirigés ont été encodés puis analysés selon la méthode de la théorisation ancrée, bénéficiant d’une triangulation des données. Le recueil des données a été réalisé jusqu’à saturation des données.Résultats : 11 entretiens ont été réalisés entre septembre 2021 et janvier 2022. L’avènement de la télésurveillance questionne sur le paysage du soin français et sur les exigences de nos sociétés modernes, mais aussi sur la place du médecin généraliste dans la prise en charge de la maladie chronique.Les participants considèrent la télésurveillance comme un moyen de faire le lien entre les acteurs du soin. Elle prend sa place dans une organisation du soin en équipe. Les aidants font partie intégrante de l’équipe de soin, la télésurveillance doit être pensée pour et avec eux. Elle ne doit pas être un frein à l’autonomisation des patients. La télésurveillance soulève aussi des questions sur la liberté individuelle, sur le partage d’information en réseau, et sur de possibles difficultés techniques. Ces craintes semblent être générationnelles.Conclusion : le schéma du soin de la maladie chronique est en pleine mutation, et le rôle de chacun de ses membres est amené à évoluer. La télésurveillance fait le lien entre les membres de l’équipe de soin, et entre les pratiques traditionnelles au chevet du patient et les pratiques innovantes.L’enjeu est d’inclure dans ces changements toutes les générations qui le souhaitent, et de créer une harmonisation des pratiques afin de concilier liberté et sécurité, efficience et humanité