Les affects véhiculés par la musique baroque et sa rhétorique peuvent-ils diminuer l'anxiété chez des patients présentant un état dépressif associé à des symptômes anxieux ?

Introduction : de nombreuses études ont montré un effet bénéfique des interventions musicales dans le syndrome anxiodépressif. Pour autant, la nature même des effets de la musique reste mystérieuse. C’est pourquoi nous avons choisi une approche phénoménologique pour notre étude afin de comprendre « ce que cela nous fait d’écouter de la musique ». L’hypothèse principale de l’étude est la suivante : l’écoute d’un chemin de musique baroque, exemplifiant la résolution de l’angoisse et l’apaisement, en raison du fait que la musique baroque est centrée sur les affects, permet une mobilisation de ces-derniers et, par le biais d’une modification des flux de conscience et du développement des processus imaginaires, améliore les scores d’anxiété et de dépression chez les patients présentant un état dépressif associé à des symptômes anxieux.Méthode : le chemin musical a été testé sur un groupe d’experts grâce à des entretiens phénoménologiques expérientiels (EPE). Puis, dans le protocole BARHEPSY, deux approches, l’une quantitative et l’autre qualitative ont été couplées. L’évaluation des scores d’anxiété et de leurs évolutions a été effectuée grâce au questionnaire STAI-ETAT. L’évolution de la fluidité de conscience a été évaluée grâce à l’EQFC-ETAT. De nouveau, nous avons mené des EPE analysés par la méthode des saillances-résonances. Résultats : on observe d’une part une diminution significative du STAI-ETAT après écoute et d’autre part une corrélation significative entre le STAI-ETAT après écoute et l’EQFC-ETAT avant et après écoute. Les patients les plus répondeurs sont également ceux avec la meilleure fluidité de conscience. L’analyse des entretiens décrit une transe hypnotique avec une mobilisation importante des affects. Discussion : l’hypothèse principale est validée. En effet, on observe une diminution de l’anxiété après écoute par le procédé supposé c’est-à-dire l’augmentation de la fluidité de conscience. Aussi, il nous semble intéressant d’intégrer l’écoute musicale dans la prise en charge des patients anxiodépressifs que nous suivons en médecine générale que ce soit sous la forme de conseils d’hygiène de vie ou sous la forme d’ateliers extrahospitaliers d’écoute musicale. De nouvelles études sont attendues sur le test de chemins musicaux baroques ou d’un autre genre, sur d’autres pathologies