Le Savant et le pédagogue : despotisme ou démocratie ?

Le reflux du scientisme et de son point d'appui positiviste ont fait disparaître la promesse d'un progrès salvateur indéfini des sciences qui était porteur d'un projet d'émancipation de l'humanité. La contribution élucide un changement de paradigme qui nous fait passer d'une crise des sciences aux sciences des crises. Si l'on considère que la science est aussi la formation de l'humanité, plutôt que l'arraisonnement de la nature, il faut mettre en lumière sa capacité à être une pédagogie, dans la mesure où ses conséquences appellent des décisions pour nos successeurs qui dépassent les limites de ce qui est connu scientifiquement. Après avoir montré la conscience aigue que Jules Verne avait du problème, la contribution reprend sa première formulation chez Rousseau qui, après avoir dénoncé un étayage du despotisme par la science, pose la question, fondatrice de l'éthique de la science, de la possibilité d'un partage démocratique des savoirs. La transformation des termes du problème est analysée dans l'œuvre de Max Weber, à l'occasion de la séparation paradoxale de la science et de l'éthique. On cherche alors comment la science peut devenir une pédagogie, en examinant, du point de vue herméneutique chez Gadamer, le statut d'une autorité éducative légitime permettant d'accéder à la connaissance. Il est alors possible d'envisager ce que peut être une pratique de la science dans le cadre d'une formation démocratique, dans laquelle le mode de vie propre à la recherche puisse être mis en dialogue avec les questions et horizons d'attentes des citoyens. Il s'agit de la possibilité d'un partage herméneutique des questions et des problèmes, comme rempart pour un exercice démocratique de la décision