L'acquisition de l'orthographe lexicale chez les enfants de 6 à 12 ans : données comparatives entre enfants normo-lecteurs et suivis en logopédie

Orthographier les mots du français constitue un défi de taille pour les jeunes scripteurs. De multiples recherches ont étudié le domaine de l'orthographe, permettant de mettre en évidence les difficultés relatives à la langue française et de comprendre pourquoi l'orthographe demeure un apprentissage difficile pour les enfants. Toutefois, peu d'études francophones ne visent à étudier plus précisément l'acquisition détaillée de l'orthographe lexicale chez les enfants scolarisés en primaire. Notre étude a donc pour objectif d'étudier la contribution des différentes compétences sous-jacentes au développement de l'orthographe au cours de la scolarité, et de comparer dans un second temps la différence entre des enfants normo-lecteurs et des enfants suivis en logopédie. Pour ce faire, nous avons mené une étude transversale auprès de 761 enfants âgés entre 6;3 ans et 12;0 ans, scolarisés du CP au CM2 dans plusieurs écoles françaises. Les participants passaient des épreuves collectives et individuelles sur les différentes compétences liées au langage écrit : la phonologie, la morphologie, les représentations graphotactiques, les connaissances lexicales générales et des épreuves supplémentaires de lecture, de lexique réceptif et d'intelligence non verbale. À tous les niveaux scolaires, les quatre compétences sous-jacentes corrèlent positivement aux compétences en orthographe lexicale. En CP, CE1 et CM2, le facteur morphologique prédit la plus grande part de variance de l'orthographe lexicale, tandis qu'en CE2 et CM2 c'est le facteur phonologique. En CE1, CE2 et CM1, la connaissance des régularités graphotactiques du français prédit également une part de variance en orthographe lexicale, dans une moindre mesure. D'autre part, les enfants suivis en logopédie ont de moins bonnes compétences en orthographe lexicale que les enfants normo-lecteurs, et seules les compétences morphologiques prédisent une part de variance significative en orthographe, suggérant un déficit des compétences phonologiques chez les enfants dyslexiques. Ces résultats apportent des preuves intéressantes dans le milieu francophone sur la répartition des compétences en orthographe lexicale au cours de la scolarité, toutefois les résultats sont à interpréter avec prudence, car ils ne considèrent pas l'ensemble des facteurs en lien avec l'orthographe lexicale, notamment les connaissances lexicales générales. De futures recherches sont donc à entreprendre.