À la recherche de la régénérescence du souvenir de l’archive : passage de l’ensevelissement à la cristallisation de l’image

À partir d’une constatation personnelle, j’ai pu observer que la dégradation mémorielle est un aspect qui est perçu comme néfaste par l’homme. Ce changement inconscient auquel nous sommes soumis, la perte de souvenirs et donc d’une partie de notre histoire, est hors de notre contrôle. Scientifiquement, ce phénomène ainsi que toute la complexité de la mémoire fait encore état de recherches loin d’être élucidées. Durant ma recherche-création, je me questionne, alors, comment l’oubli peut aussi devenir un facteur régénérant de mes souvenirs. C’est dans une démarche introspective que je réalise deux processus de création — un mental, l’autre physique — mettant en jeu la remémoration de mes souvenirs et l’utilisation d’archives personnelles retrouvées. Dans cette juxtaposition d’images mémorielles et matérielles, des décalages se révèlent. Des zones d’absences, mais aussi les éléments prédominants au sein de ma mémoire se dévoilent, malgré leurs enfouissements sous les strates du temps. Ainsi, le concept de cristallisation est exploité, mettant en avant dans mes oeuvres les fragments de souvenirs dont je suis fortement attachée, et dont aujourd’hui j’amplifie les lignes. Un travail de retranscription est élaboré, redessinant les contours de mes souvenirs naturellement dégradés à travers les archives photographiques et vidéographiques. Des découpes, des superpositions ainsi qu’un enfouissement sous des strates de sel se réalisent alors. L’absence, sous forme de vide et de monochrome blanc cristallin, devient facteur illuminant mes souvenirs pour les amener vers un ailleurs. S’inscrivant en arts visuels, des œuvres sculpturales, photographiques et vidéographiques sont ainsi créées, portant une métaphore de la dégradation naturelle de ma mémoire. Ces dernières sont exposées à la fin de ma recherche, et laissent entrevoir aux spectateurs une nouvelle identité de mes souvenirs