La demande de transition de genre chez un mineur : comment prendre la décision d'initier une transition médicale ?

For some years now, transidentity has had an increased visibility in France. Gender identity can be questioned by children and teenagers, which can lead to a request for a medically assisted gender transition. This transition can consist in puberty suppression or hormonotherapy with oestrogen or testosterone. Hence an increased concern about how the decision to initiate those treatments is taken, and on the criteria and tools used by doctors to take this decision.We conducted a qualitative research study based on eight semi-directive interviews with psychiatrists and endocrinologists working within teams specialized in transgender children and teenagers care across France.Our results show that the practitioners take the decision in collaboration with the children and their families. They were all using the international recommendations as tools to help them to take those decisions, and all of them underligned the importance of multidisciplinary meetings, and of the time taken to appraise and reflect on the youth gender identity before any decision. Several subjective criteria were highlighted, particularly the significance of listening to the youth request, the fixity of the transidentity across time, the suffering of the child, the evaluation of the comprehension of the expected and side effects of the treatments - particularly on fertility. The integration of the family in the decision process was essential, as well as their support. Finally, childhood and adolescence specificities must be taken into consideration in any medical assessment.La transidentité est un sujet qui a de plus en plus de visibilité en France depuis plusieurs années. Ce questionnement autour de l’identité de genre peut aussi survenir chez l’enfant et l’adolescent et donner lieu à une demande de transition de genre médicale. Cette transition peut consister en un blocage de la puberté ou une hormonothérapie par oestrogènes ou testostérone. Il est alors légitime de s’interroger sur la façon dont est prise la décision d’initier ces traitements chez un mineur, et sur les critères et les outils utilisés par les médecins pour prendre cette décision.Afin d’explorer ce processus décisionnel, nous avons réalisé une étude qualitative basée sur la réalisation de huit entretiens semi-dirigés auprès de psychiatres et d’endocrinologues faisant partie d’équipes spécialisées dans l’accompagnement de la transidentité chez l’enfant et l’adolescent. Cette étude a été menée sur l’ensemble de la France.Les résultats mettent en évidence le fait que les médecins prenaient la décision en lien avec le jeune et sa famille. Concernant les outils d’aide à la décision, ils utilisaient tous les recommandations internationales, et insistaient tous sur la prise de décision en réunion de concertation pluridisciplinaire et le temps donné à l’évaluation et à la réflexion autour de l’identité de genre avant une décision. Il a aussi été mis en évidence de nombreux éléments décisionnels subjectifs, notamment l’appui sur la demande du jeune et la fixité du vécu transidentitaire, le critère de la souffrance, l’évaluation de la compréhension des effets attendus et indésirables des traitements, notamment sur la fertilité. Il est ressorti des entretiens que l’intégration de la famille au processus décisionnel, et par ailleurs l’accompagnement familial, était essentiel. Il semblait aussi crucial de prendre en compte les spécificités de la période de l’enfance et de l’adolescence dans l’évaluation des jeunes