La décision du médecin : une pratique vouée à disparaître ?

Le médecin dans sa pratique clinique tente de trouver des solutions aux problèmes concrets des gens qui lui adressent une demande. Cette tentative mobilise un ensemble hétéroclite de techniques et d’usages. Leur appui croissant sur les sciences ne supprime pas l’incertitude inhérente à la détermination d’une conjecture (diagnostic et thérapie). Cette incertitude n’est d’ailleurs pas éliminable. Pourtant, le contexte actuel réalise une pression douce mais insistante pour le médecin en soit effrayé, et qu’il diffère les décisions qui tranchent sans garantie, à cause de l’absence de garantie. Le repli semble aisé, à l’abri des recommandations et des référentiels, ou des réunions de concertation pluridisciplinaire. On louera alors peut-être sa précaution, qui cache une abstention. Toutefois, les inconvénients sont nombreux. Le plus important pour l’avenir de la médecine et des patients qui la fréquenteront me semble être celui-ci : prendre des décisions dans et malgré l’incertitude est un long apprentissage, qui risque fort de ne plus avoir lieu, faute d’exercice répété. Apprendre à déterminer une trajectoire, à frayer un chemin, à trouver une issue, à affronter le flou et l’indéterminé, ne relève pas de l’application d’un savoir maîtrisant la situation (il serait absolu), mais d’un savoir-faire jamais garanti, qui se trouve être pourtant la meilleure garantie possible d’approcher la juste mesure sans se livrer au hasard ou à la providence