Napoléon a exercé sur la pensée de Nietzsche un charme puissant. Malgré les résistances du rationalisme, la marque de la fiction est nette dans le portrait fragmentaire que Nietzsche dresse de la grande figure historique au fil de ses livres. Bien que Nietzsche n'ait pas fait de Napoléon un absolu -- au mieux une lointaine approximation du surhomme --, en tant que fiction, symbole, fantasme ou symptôme, la figure de Napoléon est dans l'œuvre de Nietzsche un signe surdéterminé : elle concentre en elle un réseau de motifs que l'on examine sous l'angle double de la cruauté et du nomadisme : Napoléon paraît sur le grand théâtre nietzschéen comme le type viril suprême, l'aventurier et le conquérant, promoteur du sentiment européen, par delà les ...