Ressources de la toile et ressources du réseau : les pratiques numériques des lycéens de quartiers populaires de Rio de Janeiro et de région parisienne

This study tackles high-school students’ uses of the Internet and cell phone in low-income neighborhoods of Rio de Janeiro and the Paris region. It aims to identify if these « deterritorialized » practices provide cultural and social capital the teenagers would not have access to in their schools and neighborhoods or through traditional media. Teenagers’ cultural practices have gained a new visibility with their posting on social networking websites such as Facebook, where cultural legitimacy is more and more based on content production rather than consumption. Most school-oriented digital practices are information searches, but the participatory web culture conflicts with the school culture. In the end, digital practices have little impact on these teenagers’ academic capital, but they do help them to enhance their employability through « other skills » such as IT skills and foreign languages. However the majority of teenagers digital practices consist in social interactions. In both cities, digital communications encourage similar patterns, such as spatial mobility or digital contact with « strangers ». But they are also shaped by local social norms : the French communicate mostly with other teenagers, while the Brazilian focus on family. In addition, getting digital increases and diversifies social networks, especially for those who are geographically mobile, while it also encourages strong ties by offering a space for intimate conversations away from peers and family.Cette étude a pour objet les usages d’Internet et du téléphone portable de lycéens de milieux populaires en région parisienne et à Rio de Janeiro. L’objectif est de voir si ces pratiques « déterritorialisées » leur ouvrent d’autres références culturelles et contacts sociaux que ceux disponibles dans leur environnement scolaire et résidentiel et à travers les médias traditionnels. Les pratiques culturelles des adolescents acquièrent une visibilité nouvelle avec leur publication sur les pages personnelles de sites de réseautage comme Facebook, où la légitimité culturelle se déplace partiellement de la consommation vers la production de contenus. La dimension scolaire des pratiques numériques repose principalement sur les recherches documentaires, mais les valeurs participatives de la culture web entrent en conflit avec le modèle scolaire. Au final, les pratiques numériques influent peu sur le capital scolaire des adolescents étudiés, mais elles entrent en jeu dans la valorisation de leur employabilité à travers les « autres compétences », telles que les compétences informatiques et les langues étrangères. C'est toutefois les pratiques de sociabilité qui sont les plus centrales dans les usages numériques des adolescents. Les communications numériques observées dans les deux métropoles montrent certaines pratiques encouragées par les NTIC elles-mêmes, telles que la mobilité spatiale ou le contact avec des "inconnus". Mais elles sont également définies par les normes locales de sociabilité: ainsi les Franciliens communiquent principalement avec des jeunes de leur âge tandis que les communications des Cariocas sont essentiellement centrées sur la famille. De plus, la numérisation du réseau social accroit et diversifie le capital social des utilisateurs, particulièrement de ceux qui sont mobiles géographiquement, mais elle sert également à renforcer les liens forts en offrant aux conversations intimes un espace protégé des regards du groupe et des parents