Pour un recueil d'approximations sémantiques verbales chez l'enfant : approche pluridisciplinaire.

International audienceDans le cadre de recherches menées en acquisition du langage, nous avons choisi de mettre en place un protocole expérimental visant à recueillir un corpus d'approximations sémantiques. Cette approche méthodologique de terrain, adaptée à différents types de population - enfants sans troubles et enfants avec autisme -, nous a permis d'aborder un phénomène linguistique, qu'est la métaphore, sous l'angle de la psycholinguistique et même de la psychopathologie. Au cours de notre travail de recherche, nous nous sommes particulièrement intéressés à la métaphore, que l'on peut définir linguistiquement comme une dénomination inhabituelle alors même qu'est disponible en langue une entité lexicale conventionnelle (ex : " les bras de l'arbre "). Nous avons pu montrer que cette figure ne relève pas uniquement de la dimension linguistique mais mobilise le phénomène de catégorisation qui s'inscrit dans une dimension psycholinguistique. En effet, d'une part, le statut de métaphore qui se caractérise par un " franchissement de frontières catégorielles " (Gardner & Winner 1979) ne peut se déterminer qu'en prenant en compte le lexique mental du locuteur. D'autre part, les psycholinguistes relèvent, au cours du développement lexical précoce, un phénomène linguistique qui peut être assimilé à la métaphore : le phénomène de sur-extension, qui est liée à un déficit lié au système lexical de l'enfant (ex : l'enfant dit " ballon " pour " lune "). Duvignau (2002) a également apporté un éclairage nouveau sur ce type d'énoncés qu'elle nomme " approximations sémantiques " dans le contexte de phrases à pivot verbal (ex : " Je déshabille l'orange " pour dénommer l'action d'éplucher), du fait du mode de structuration lexicale mis en jeu dans le contexte des verbes : des relations de proximité sémantique interdomaines. La prise en compte de ce type d'énoncés dans le cadre du syndrome d'Asperger - trouble envahissant du développement - nous a permis une ouverture à l'extradisciplinarité. De manière globale, ce syndrome reste encore mal circonscrit surtout par rapport à l'autisme de haut niveau (Wing 2000). Cependant, les deux classifications internationales (C.I.M. 10 et DSM-IV-TR) décrivent le Syndrome d'Asperger en mobilisant des items quasi identiques qui font ressortir une caractéristique transversale de cette pathologie : la " rigidité ", tant sur le plan moteur, que comportemental. Au niveau du développement du langage, les données attribuent aux sujets pas ou peu de retard de langage, un lexique riche et très précis, mais des perturbations au niveau de l'interprétation du non-littéral comprenant les énoncés de type métaphorique. Afin de tester la flexibilité mis en jeu dans les approximations sémantiques et de la confronter à la rigidité propre au syndrome d'Asperger, nous avons proposé une matériel expérimental constitué de dix sept vidéos d'actions dans lesquelles une personne effectue des actions dont le sens relève d'un même concept d'action : /détériorer/ (ex : couper du pain, éplucher une banane, scier une planche, déchirer du papier, ...). Nous avons alors proposé des tâches de dénomination puis de reformulation d'actions à des enfants sans troubles, des enfants avec un syndrome d'Asperger et des enfants autistes de haut niveau, âgés de 4 à 8 ans. Dans notre présentation, nous proposons d'explorer des différents terrains de recherches et d'analyser les données recueillies