Viaggiando (La gente che s'incontra)

Introduction et notes à un article de Gigi Damiani, « Viaggiando (La gente che s’incontra) », reproduction d'un article publié dans le journal La Battaglia, São Paulo, a.V, n°208, 21 mars 1908,C et article de Gigi Damiani est d'un style bien différent de celui des textes qu'il publie à profusion dans tous les journaux anarchistes italiens du Brésil entre 1897, année de son arrivée, et 1919, année de son expulsion et de son retour en Europe. Pas de grands thèmes cette fois, pas de longues dissertations, pas de ton militant ni d'incitation à la révolte. Dans cette chronique de voyage, c'est par petites touches, comme avec un pinceau, que Damiani, qui a gagné sa vie comme peintre de décors de théâtre, dénonce l'injustice sociale et décrit l'immensité de la détresse humaine. C'est peut-être lors d'un de ses déplacements professionnels qu'il écrit ce texte. Ou, pourquoi pas, lors d'un déplacement pour encaisser les abonnements de La Battaglia auprès des camarades de l'intérieur de l'Etat de Sao Paulo. On voyageait beaucoup pour la cause et Damiani, revenu depuis peu du Parana, où il était installé depuis plusieurs années, a pu aller renouer des contacts avec les groupes anarchistes de l'intérieur. Le rythme saccadé des paragraphes, leur succession rapide, le mouvement des personnages, nous font penser que le texte a été écrit directement dans le train. Tout instant est précieux. Pour que vive le journal, on vole sur son temps de, travail et sur son sommeil. Ici, Damiani se permet un petit écart, sans nuire au travail de propagande qu'il fournit habituellement. Cependant, la critique du système, qui ne prête aucune attention à l'être humain, est permanente. Elle se voit dans l'évocation des mauvaises conditions de transport : l'inconfort, la saleté, le retard inévitable, le coup de frein assassin, la poussière qui oblige à fermer les carreaux et empêche d'admirer le paysage. D'ailleurs, le paysage n'est d'aucun secours. Monotone, vert et rouge, de la couleur des caféiers et de la terre particulière à cette région de l'Etat de Sao Paulo. Le monde est mal fait et toute protestation, même effectuée par la voie officielle, est vaine