Philosophie réflexive et herméneutique chez P. Ricœur

L'herméneutique de Ricœur se situe dans le prolongement de la philosophie réflexive. Son herméneutique est en train de réaliser le programme de celle-ci tout en la transformant radicalement. Dans cet article, pour mieux saisir une idée principale de son herméneutique, nous essayons de préciser le rapport entre ces deux modes de pensée en les reportant à trois contextes différents. Nous examinons, premièrement, la tradition réflexive pour laquelle nous prenons la philosophie de J. Lachelier comme un modèle : nous y dégageons le double rapport--positif et négatif--avec l'herméneutique chez Ricceur. Deuxièmement, nous soulignons le rôle spécial de J. Nabert dans la pensée de Ricœur. Son idée d'appropriation de l'affirmation originaire et sa théorie des signes constituent une base essentielle pour l'herméneutique de Ricœur. Tout en constatant sa grande influence sur Ricœur, nous indiquons une différence subtile mais importante sur l'initiative de l'acte pour mettre en valeur des domaines nouveaux ouverts par l'herméneutique. Troisièmement, nous analysons le texte de l'Homme faillible pour élucider la structure de la philosophie réflexive de Ricœur lui-même, qui non seulement constitue une anthropologie philosophique pour son herméneutique, mais encore exige l'interprétation des signes. En nous fondant sur ces études, nous pouvons obtenir une vision de la conception de l'être de Ricœur que son herméneutique tient pour tâche ultime. En conclusion nous considérons la portée de la reconquête du Cogito à travers l'interprétation