La socialisation juridique ou de l’obéissance a la familiarisation par imprégnation

A une conception américaine initiale d’une socialisation juridique envisagée du point de vue de la société et dont le critere de « réussite » est le choix par le sujet de l’obéissance aux normes juridiques et sociales impératives, l’auteur oppose une conception d’une socialisation juridique observée du point de vue du sujet et dont la clé est « l’appropriation » progressive par ce dernier des éléments du droit qui fait partie intégrante de la culture dans laquelle il est immergé. Cette appropriation, fondée sur une familiarisation par imprégnation, implique que le sujet réinterprete, a l’aide des codes assimilés dans son milieu familial et social, les informations qui lui sont transmises, de maniere a ce qu’elle fassent sens pour lui et qu’il puisse les intégrer dans son systeme de représentations, d’attitudes et de comportements a l’égard du droit. Elle comprend d’abord une acculturation juridique du sujet aux savoirs communs au sein de la culture juridique dominante de sa société, qui lui fournit, par l’acquisition de concepts a significations communes, la possibilité de communiquer avec les autres membres de sa société et de s’en faire accepter a travers des « évidences partagées ». Mais elle se double d’une acculturation par le sujet de ces concepts a la lumiere des codes d’interprétation acquis dans son milieu familial et social. A l’aide de données d’enquete recueillies en France, Pologne, Hongrie et Russie, l’article examine les spécificités des différents modeles culturels de socialisation juridique et l’évolution dans le temps des modeles français et russe