Evaluation de l'ambiance thermique de travail : principes, outils et méthodes

Le travail en ambiance chaude n’occupe plus actuellement dans la hiérarchie des risques professionnels, la place qu’il y tenait il y a encore 20 ans. Le nombre de travailleurs exposés et la sévérité des conditions d’exposition ont diminué sous l’action conjuguée de la rationalisation des outils de production et de la recherche d’économies d’énergie. On ne peut pour autant en conclure que la notion de contrainte thermique n’ait plus qu’un intérêt historique. L’évolution technologique a certainement diminué le niveau moyen de contrainte dans les secteurs industriels classiques (verre, sidérurgie, mines etc …) mais n’a pas supprimé la nécessité d’interventions humaines ponctuelles à réaliser dans des conditions éprouvantes ; la contrainte thermique liée à certaines opérations d’entretien dans l’industrie nucléaire illustre bien la permanence de ce risque même dans les secteurs à technologie avancée. Par ailleurs, le développement de l’ergonomie et de la prévention des risques professionnels a contribué à attirer l’attention sur les conditions de travail existant dans d’autres secteurs d’activité et dans les petites et moyennes entreprises. Les enquêtes réalisées révèlent l’existence d’une grande variété de situations de contrainte, de nature permanente ou intermittente ainsi que de fréquentes situations d’inconfort thermique, notamment dans le secteur tertiaire en été. Enfin, l’amélioration observée dans l’industrie des pays de l’hémisphère nord, ne doit pas faire oublier la situation prévalent dans les nouveau pays industrialisés (Algérie, Brésil, Inde, Indonésie, Mexique …) situés sous des latitudes où les contraintes climatiques s’additionnent aux contraintes d’origine technologique. Il existe donc encore de nombreuses situations où le médecin du travail, l’hygiéniste industriel, l’ergonome ou l’équipe qu’ensemble ils constituent, sont appelés à formuler des recommandations soit pour réduire la nuisance et écarter tout risques pour les travailleurs exposés, soit pour améliorer le confort thermique de travail. La présente monographie a pour objectif d’aider ces praticiens d’une part à poser un diagnostic qualitatif et quantitatif sur les situations de travail en ambiance chaude, et d’autre part à orienter leur réflexion quant aux solutions à mettre en œuvre à court terme et à long terme pour contrôler le risque et le réduire. La monographie s’efforce donc de rendre accessible au praticien les acquis méthodologiques tirés des recherches scientifiques de ces 15 dernières années. Deux parti-pris ont cependant été délibérément adoptés lors de la conception de cette monographie. Le premier consiste à considérer le praticien des conditions de travail comme suffisamment familier de l’outil informatique pour ne pas craindre d’u recourir si nécessaire. Le second est le refus d’un ouvrage conçu comme livre de recettes. Dans beaucoup de situations d’exposition à la chaleur, il n’existe pas en effet de critères simples d’appréciation et celui qui analyse la situation doit donc exercer sa faculté d’interprétation sur les données qu’il recueille. Plutôt que de proposer des simplifications abusives, l’auteur a préféré mettre le lecteur en mesure d’interpréter ses observations, en lui proposant une synthèse actuelle des mécanismes physiologiques dont l’homme dispose pour préserver son équilibre thermique. Le résultat est un livre qui s’assimile en partie à un livre de référence et en partie à un guide pratique d’évaluation. […]Thèse d'agrégation de l'enseignement supérieur (Faculté de médecine) -- UCL, 198