La reconversion des réseaux migrants à Târgoviste

Les bénéfices engendrés par la migration pour les jeunes roumains qui retournent<br />temporairement, ou définitivement, dans leur pays sont autant, voire parfois plus, sociaux<br />qu'économiques. En effet, si le capital financier accumulé durant l'émigration se dilapide<br />souvent rapidement par une consommation ostentatoire lors des retours dans la localité<br />d'origine, en revanche, les relations sociales qui se dessinent à l'étranger se maintiennent<br />et se renforcent dans le temps. En cela, l'expérience migratoire est fédératrice d'une<br />nouvelle identité collective qui se prolonge en Roumaine, tout en trouvant ses racines dans<br />le partage d'une « mémoire collective migrante ». L'analyse montre que cette sociabilité,<br />spécifique aux anciens –et potentiellement futurs- migrants, se convertit, dans le pays de<br />départ, en capital social mobilisé dans un contexte nouveau, celui du business local. En<br />cela, appartenir au réseau des « émigrés » permet la mise en commun de ressources et<br />défini un cadre de confiance mutuelle, lesquels s'avèrent particulièrement utiles dans un<br />pays où les échanges informels tiennent une place essentielle.<br />L'étude est basée principalement sur une enquête menée à Târgoviste (Roumanie), dans le<br />« milieu » des jeunes migrants, au printemps 2000, et complétée par certaines observations<br />faites à l'étranger, en France et en Espagne notamment