Crise et population en Afrique : crises économiques, politiques d'ajustement et dynamiques démographiques

À la crise née du bouleversement des règles de l'économie mondiale, s'ajoute celle engendrée par la purge obligatoire des programmes d'ajustement structurel. En quoi le choc et sa thérapie ont-ils pesé sur la conjoncture démographique, voire modifié les tendances démographiques à plus long terme de l'Afrique sub-saharienne? Pour tenter de répondre à cette question, 24 auteurs ont été associés à la rédaction de cet ouvrage en 20 chapitres. Dans une première partie, l'ouvrage aborde sous ses principaux aspects, la relation existant entre les changements macro-économiques et l'évolution démographique : rappel des différents paradigmes d'interprétation invoqués auxquels se sont référées les différentes écoles de pensée pour rendre compte des crises démo-économiques de l'Afrique sub-saharienne ; nouveau cours des effets de la croissance démographique sur la croissance économique ; discussion sur la pertinence des agrégats statistiques en usage pour rendre compte des réalités du terrain ; rôle et responsabilités de l'État, entre la crise et les institutions internationales ; importance du contexte écologique, surtout en milieu rural ; importance aussi de la dimension historique. La seconde partie traite des conséquences de la crise sur les besoins fondamentaux des populations et leurs modes de vie. En effet, si la crise et les politiques d'ajustement peuvent avoir une influence directe sur les variables démographiques, cette influence passe sans doute davantage par l'intermédiaire de la dégradation du niveau de vie et l'insatisfaction de nombre de besoins élémentaires. C'est ainsi que sont successivement abordés ici les effets de la crise sur l'alimentation, sur l'éducation, sur la santé et sur le logement. Avec la troisième partie, nous arrivons au cœur même de la problématique d'ensemble : l'effet de la crise et des politiques d'ajustement sur les variables démographiques proprement dites. La baisse de la fécondité, si attendue en Afrique sub-saharienne, et qui vient tout juste d'être amorcée, va-t-elle se poursuivre ou sera-t-elle au contraire remise en cause par la crise? La mortalité est-elle comme beaucoup le prétendent en train de remonter en raison de la dégradation des services sanitaires? Les réponses ne sont pas simples. Il semble bien que l'effet direct immédiat ne soit pas de remettre en cause la poursuite de l'évolution de la dynamique naturelle des populations africaines. Un certain nombre d'éléments sont cependant réunis qui pourraient faire craindre des effets différés. Quant aux flux migratoires, externes ou internes(et notamment l'urbanisation), ils ont, eux, subi une profonde modification allant parfois jusqu'à l'inversion. Si la crise n'a eu, jusqu'à présent, que beaucoup moins d'effets sur les tendances attendues de la fécondité et de la mortalité que sur celles de la migration, c'est sans doute en raison de la différence d'échelles temporelles dans lesquelles s'inscrivent, d'une part, l'activité économique et la dynamique migratoire et, d'autre part, la dynamique naturelle des populations. La dernière partie de l'ouvrage est donc consacrée à l'évolution, dans différents domaines, des stratégies individuelles face à la crise et aux contraintes collectives, évolution qui pourrait, à long terme, peser plus lourd que la crise elle-même sur la fécondité et la mortalité : rapports hommes-femmes, structures et solidarités familiales, développement du secteur économique informel, sans oublier que derrière la rigueur froide des statistiques, ces stratégies prennent chair et os, au gré de destinées individuelles, dont quelques exemples choisis sont évoqués au dernier chapitre