Climat, habitat, alimentation et durée de vie des hommes au 18ème siècle

Parmi les principaux phénomènes démographiques, la mortalité est sans conteste celui que les démographes du XVIIIème siècle savent le mieux mesurer. Si la fécondité et la nuptialité donnent lieu à de multiples considérations chez les auteurs populationnistes, les techniques employées à leur égard restent rudimentaires alors que se perfectionne le principal outil pour apprécier la durée et le terme de la vie humaine : la table de mortalité. Très tôt, il apparaît que l'« ordre de la mortalité » diffère d'un lieu à l'autre. Reste à découvrir l'origine de ces variations. Dans la seconde moitié du siècle, en France, les réflexions sur les facteurs susceptibles de les expliquer prennent un véritable essor. Toutes n'émanent pas, loin de là, d'auteurs maîtrisant les procédés d'analyse démographique récemment mis au point et les données font défaut. Si la prise de conscience des inégalités sociales et culturelles face à la mort date aussi du siècle des Lumières, l'attention portée aux «causes physiques » qui influent sur la destinée de l'homme et la longueur de ses jours l'emporte certainement alors qu'elle s'affaiblira sensiblement au siècle suivant, semble-t-il. La pensée médicale hippocratique, renouvelée à la fin du XVIIème siècle par les théories aèristes, qui font de l'air l'élément primordial pour la santé de l'homme, y contribue largement. La conservation des hommes dépend d'abord du climat, du lieu, de l'alimentation, des "occupations" dont le travail, et dans un second temps, des mœurs et du mode de vie