Formation, devenir et organisation des couples confrontés au chômage

L’objet est d’étudier l’effet du chômage sur le couple (cohabitant ou marié) en France dans les années 90. Une réflexion sur le lien famille chômage met en avant la relative rareté des travaux économiques portant à la fois sur le chômage et la famille. Un modèle de durée bivarié montre que si le premier emploi influence la première mise en couple, l’inverse n’est pas vrai. La modélisation d’un célibataire chômeur décrit l’arbitrage auquel il est soumis. Dévalorisé sur le marché de l’union, le chômeur peut décider de se mettre en couple tout de suite ou d’attendre de disposer d’un emploi dans l’espoir de trouver de meilleurs partis. Les résultats théoriques et empiriques montrent que le chômeur, sauf cas particuliers retarde généralement la formation du couple. Cependant, certains chômeurs forment une union dans cet état. Ces couples sont plus souvent atypiques en termes de CSP et différence d’âges ; leur risque de dissolution est plus élevé et leur niveau d’investissements (enfants et mariages) plus faible. L’étude de l’organisation des couples propose une hypothèse alternative à celle de la spécialisation des époux comme source de gain : la polyvalence des époux. Le cas des couples confrontés au chômage permet de la tester à l’aide d’indicateurs de temps et diversité des tâches domestiques. Les femmes au chômage déchargent l’homme d’une partie des tâches, mais l’inverse n’est pas vrai. Outre, l’effet général du chômage sur les événements familiaux, ce travail fait ressortir des effets sexués très forts et la nécessité de ne pas assimiler chômage et inactivité, de distinguer les effets du chômage selon la durée de vie du couple, et d’envisager d’autres aspects du chômage que le seul aspect monétaire. Quatre enquêtes ont été utilisées dans ce cadre (l’Enquête Emploi et Situation familiales 94, l’enquête Jeunes et Carrières 97 et l’enquête Emplois du temps 98-99). Plusieurs méthodologies sont mises en œuvre : modèles de durées, modèle logistique, analyse de la variance