Les origines de la grammaire arabe, selon la tradition : description, interprétation, discussion

Version écrite de la leçon Erasmus faite à l'Orientalisches Seminar de l'Université de Zurich, le 19 Avril 2005.Cet article propose une traduction et un commentaire du chapitre XIV du Kitâb al-'Îdâh fi ‘ilal al-nahw de Zajjâjî (m. 337/949). La première partie décrit la liaison faite par la tradition arabe entre la naissance de la grammaire arabe et le processus de « corruption de la langue » (fasâd al-lugha), caractérisée par des fautes de langage (lahn) concernant en particulier la flexion désinentielle (i‘râb), suite à la conquête islamique (I-IIème siècles de l'Hégire = VII-VIIIème siècles de notre ère). La seconde partie rappelle l'interprétation qui en a été faite à partir du XIXe siècle par la linguistique historique, essentiellement allemande, comme un processus d'évolution d'un type ancien arabe à un type néo-arabe, ayant abouti à une situation de diglossie. La troisième et dernière partie discute cette interprétation. Depuis le XVIIe siècle, il n'a pas manqué d'arabisants pour souligner le caractère non fonctionnel de la flexion désinentielle en arabe classique et proposer des solutions alternatives. En conclusion, on suggère que ce chapitre, tout en ayant l'apparence d'un récit historique, n'est en réalité rien d'autre qu'une récit de légitimation de cette construction qu'est l'arabe dit classique