Le rôle des dépendances monastiques dans la morphogénèse villageoise du Languedoc central

National audienceLa naissance du village est devenue ces dernières années un thème récurrent des recherches archéologiques et historiques. Évoquer le problème de sa naissance revient à considérer que le village n'est pas de tout temps! Première ambiguïté et premier débat dans lequel archéologues et historiens des sociétés antiques auraient sans doute beaucoup à dire si l'on s'en tient à quelques publications récentes. Si le castrum languedocien des XII-XIIIè s. est le village par excellence de l'historien et de l'archéologue des mondes méditerranéens, le Littré lui refuse un tel titre et donne au village le sens d'une agglomération non murée où dominent les habitations paysannes! Les travaux régionaux ont associé la genèse villageoise médiévale languedocienne à un univers minéral où le pôle monumental constitue le principal facteur de stabilité et de regroupement, qu'il s'agisse de l'église et du cimetière ou plus traditionnellement du château et de sa basse-cour. A cette première définition monumentale, les études micro-régionales qui se développent commencent à rendre compte de la diversité des situations et des contrastes qu'il faut établir notamment entre région de plaine et de montagne. Une telle production semble avoir négligé cependant l'action des monastères septimaniens dans la genèse urbaine et villageoise de la région. L'étude comparée des temporels d'Aniane et de Gellone nous permet aujourd'hui d'en présenter quelques aspects par le biais d'une documentation encore partiellement rassemblée. Établis au pied méridional du massif central dans le bassin moyen de l'Hérault, ces deux monastères, plus connus pour leur rayonnement spirituel et les biographies de leurs fondateurs, ont joué un rôle économique considérable et précoce sur ces terres de vieille romanité. La redistribution des équilibres qu'ils ont instauré dans les relations entre plaine littorale et arrière-pays montagneux du Languedoc médian en est un aspect principal. Cette communication tente de démontrer que les monastères et leurs dépendances à l'instar du château ont également joué un rôle dans la structuration villageoise régionale. La phase monumentale qu'adopte un bon nombre de ces agglomérations rurales apparaît aussi comme l'aboutissement d'un lent processus évolutif qui rend certains villages languedociens déjà si proches de la ville mais si distants de leurs ancêtres du haut Moyen Age que commencent à peine à éclairer les fouilles régionales