L'eau et la ville : mutation des fonctions et des représentations sociales

Cette communication a pour objectif d’apporter un éclairage sur les imaginaires et pratiques sociales relatifs aux cours d’eau urbains, qui, après des décennies de disparition (canalisés et enterrés), sont désormais porteurs d\u27images urbaines. De biens de production, servant à alimenter les industries, à supporter diverses infrastructures, ils sont devenus biens de récréation, objets de loisir et symboles de nature. De nombreuses stratégies d’intégration urbaine de ces éléments devenus valorisants ont ainsi été développées, notamment dans les villes méditerranéennes, le régime torrentiel de leurs cours d\u27eau ayant longtemps imposé une distance physique plus grande avec eux. La physionomie de ces fleuves urbains, mais aussi de ces villes fluviales, est donc encore en construction, par tous les acteurs de la vie urbaine. Aujourd’hui, un bilan sur ce nouvel « urbanisme fluvial » s’impose, compte tenu de l’importance des mutations formelles et perceptives en cours. Il s’agit de comprendre ce processus récent de construction paysagère, en interrogeant les représentations sociales du fleuve dans deux villes du midi français : Perpignan et Montpellier, traversées respectivement par la Têt et le Lez. Quel est désormais le rôle culturel et structurel du fleuve en ville ? Son rôle identitaire et structurant constitue l’hypothèse générale. Cette dernière est vérifiée par une analyse des sources liées aux projets fluviaux à l\u27échelle du lit majeur (données cartographiques tirées des rapports de présentation des PLU), du lit mineur (littérature écrite et dessinée des derniers projets d’aménagement de berges), et des discours sur ces projets (entretiens semi-directifs effectués auprès des acteurs de ces nouveaux paysages fluviaux). Les résultats de cette recherche vérifient l\u27hypothèse en montrant que le fleuve devient un argument de stratégie urbaine et qu\u27il répond à la traduction d’une nouvelle attente sociale en terme d\u27espaces publics. La première partie de la communication expose ainsi comment ces deux cités méditerranéennes ont historiquement composé avec leur cours d\u27eau, qui est passé d\u27une position unilatérale à une position centrale. La deuxième partie montre que les formes prises par l\u27aménagement paysager des berges de la Têt et du Lez vont toutes deux dans le sens d\u27une intervention minimale : l\u27enjeu se situe au niveau d\u27une traduction sociale du fleuve. Les objectifs qui reviennent en leitmotiv sont de transformer le fleuve en espace public identifiable, mais cependant plus "sauvage", et mis en réseau avec l\u27ensemble de la structure d\u27espaces ouverts urbains. Enfin, la dernière partie relate la manière dont les récits des acteurs de ces nouveaux fronts d\u27eau (commanditaires, maîtres d\u27oeuvres et usagers) convergent autour de la question environnementale : le fleuve est le lieu idéal d\u27expression d\u27une idéologie de la nature. Mais au delà des valeurs et préférences esthétiques consensuelles, les positions discursives des enquêtés divergent, le discours dominant sur le fleuve variant entre conviction, stratégie, et contrainte à accepter