Retour du passé, force du présent : 1998, année commémorative

L'année 1998 a été marquée par la fréquence politique inhabituelle de la notion de mémoire collective nationale. Entre l'abondance des commémorations (centenaire du J'accuse de Zola, cent-cinquantenaire de l'abolition de l'esclavage, quatre vingtième anniversaire de l'armistice de 1918), les réminiscences du procès Papon et les polémiques politiciennes sur l'Affaire Dreyfus ou les Mutins de 1917, les hommes politiques ont eu maintes fois l'occasion d'exprimer leurs lectures du passé national. Cette visibilité publique de la notion de mémoire1 correspond-t-elle à un mouvement collectif de nostalgie, de retour vers le passé ou, au contraire, cache-t-elle des ressorts profondément contemporains ? Affleurent sous ces questionnements, la recherche -vaine ? - d'un bon usage de la mémoire, dépourvu de considérations idéologiques. Les deux axes de notre réflexion, la mémoire et le politique, tendent à confirmer que le passé exprimé est travaillé par le présent et les contraintes qui pèsent sur lui