Claris et Laris : les prisons du roman arthurien

National audienceLa vocation du roman médiéval n'est pas d'offrir un témoignage sur la réalité des prisons et des emprisonnements au Moyen Âge. On y trouvera fort peu de détails sur les véritables conditions de détention de l'époque, sur le rôle des geôliers ou les différents types de captivités pratiquées alors. Si le motif de l'emprisonnement apparaît dans cette littérature, c'est donc moins pour produire un " effet de réel " qu'à des fins dramatiques et symboliques. Claris et Laris en constitue une riche illustration. L'une des constantes de ce roman arthurien de la fin du 13e siècle, comptant plus de trente mille vers, réside dans la privation de liberté qui affecte un grand nombre de personnages, secondaires ou principaux, masculins ou féminins, chevaliers ou vilains. La même diversité transparaît dans les agents de la captivité. Les seigneurs jetant leurs ennemis en prison côtoient des fées possessives ou des créatures démoniaques. Néanmoins, ce motif ne vise pas seulement à créer des rebondissements de situation. Il permet surtout à l'auteur d'exprimer sa vision personnelle d'un idéal chevaleresque tout autant que littéraire. Pour le montrer, nous esquisserons d'abord la typologie carcérale d'une œuvre où la fiction se destine à idéaliser le réel. Nous nous interrogerons ensuite sur les significations que le poète a voulu attribuer à la captivité de ses personnages. Enfin, il nous faudra voir si celle-ci n'entre pas en résonance avec l'activité poétique elle-même