« Rien ne me prédestinait à l’alpinisme » : analyse des conditions sociales et institutionnelles d’entrée et de positionnement dans l’élite de l’alpinisme en France et au Royaume-Uni

International audienceSport sans règlement ni classements officiels, où les institutions de détection et de formation des talents sont rares, l’alpinisme pose des questions intéressantes dès que l’on vient à s’intéresser à son élite. A lire les récits des « grands alpinistes » des années 1950 à nos jours, qui constituent notre matériau principal, faire partie de l’élite est une question de « dons », de « passion » latente, ou encore de « chance », termes mobilisés pour expliquer le « coup de foudre » avec la montagne, prélude à une carrière d’alpiniste de haut niveau que rien ne semblait pouvoir présager. L’élite sportive reste pourtant, depuis l’apparition du sport au 19ème siècle, relativement homogène socialement et sexuellement : elle tire toujours une majorité de ses membres (surtout des hommes) des élites sociales.Cette communication entend ainsi revenir sur les conditions sociales et institutionnelles qui prédisposent certains individus d’une part à rejoindre l’élite de l’alpinisme, et d’autre part à y occuper une place plus ou moins dominante. En effet, cette élite n’est pas monolithique, et les individus les mieux dotés socialement et culturellement sont ceux qui peuvent tirer au mieux parti du faible encadrement institutionnel pour se maintenir dans l’élite ou pour se reconvertir après leur carrière, notamment en jouant le jeu médiatique.La comparaison entre les situations françaises et anglaises nous sera utile pour montrer à quel point la présence (en France) ou l’absence (en Angleterre) relatives d’instances officielles de détection et d’encadrement des élites jouent sur la sélectivité et la hiérarchisation sociales de l’élite sportive