Car ils débattent d‘une bien molle façon. Die Metaphorik der verweichlichten Männlichkeit in Rhetoriktheorie und Sprachreflexion der französischen Renaissance

Les humanistes français, dès qu’ils réfléchissent aux langues de manière comparée, sont hantés par l’insuffisance de leur langue. Cette hantise s’exprime à travers une métaphore aussi précise que récurrente, à savoir celle qui rapproche le bon usage de la langue d’un idéal masculin. Cette réflexion aboutit à une opposition binaire entre deux genres stylistiques qui rejette toute mollesse (autant physique que stylistique) pour étant le signe d’un efféminement et opte plutôt pour une mise en parallèle entre le corps masculin et le style idéal. À partir de ces attributs, la métaphore physique du style se développe depuis l’Antiquité tel un système fixe et clos qui englobe autant son aspect idéal que ses ratages. La place de la « mollesse » dans ce système est évidente : elle englobe tout ce qui se présente comme le contre-modèle de l’idéal viril car elle introduit la faiblesse et la défaillance, le manque de modération et l’absence de discernement dans l’univers de la vigueur masculine. La présente étude poursuit une analyse des enjeux de cette métaphore du style genré en deux étapes : dans un premier temps il s’agit d’entreprendre un retour ad fontes afin de retracer l’imaginaire dans la poétologie française depuis ses origines. Dans un deuxième temps, nous nous proposons, de considérer les répercussions réciproques entre la métaphore anthropologique et son homologue humain dans la perspective d’étudier l’impact que l’usage de la langue (et l’ambition de le normaliser selon un idéal restrictif) peut avoir sur la perception de l’être humain et la conception du genre.French humanists, as soon as they think about languages in a comparative way, are haunted by the inadequacy of their language. This haunting is expressed through a precise and recurrent metaphor, that compares the proper use of language to a masculine ideal. This reflection leads to a binary opposition between two stylistic genres which rejects any softness (both physical and stylistic) as a sign of effeminacy and opts instead for a parallel between the male body and the ideal style. Based on these attributes, the physical metaphor of style has developed since Antiquity as a fixed and closed system that encompasses both: its ideal aspect and its failures. The place of "mollesse" in this system is obvious: it encompasses everything that presents itself as the counter-model to the ideal of manhood because it introduces weakness and failure, lack of moderation and lack of discernment into the world of male vigour. The present study pursues an analysis of this metaphor of gendered style in two stages: in the first stage it is a question of undertaking a return ad fontes in order to retrace the imaginary in French poetry since its origins. Secondly, we propose to consider the reciprocal repercussions between the anthropological metaphor and its human counterpart with a view to studying the impact that the use of language (and the ambition to normalise it according to a restrictive ideal) can have on the perception of the human being and the conception of gender