Measuring the employment content of agriculture in sub-Saharan Africa : comparison of agroecological and conventional models

Un accroissement démographique considérable est à l’œuvre en Afrique subsaharienne (ASS) et exerce une pression croissante sur les marchés du travail. Le dernier rapport des Nations Unies portant sur les prospectives démographiques fait état d’une augmentation d’un milliard d’êtres humains pour le continent d’ici à 2050, représentant 52% de l’accroissement de la population mondiale (UNDESA 2019). Or, les progrès économiques récents de la région reposeraient dans certains cas sur des processus réversibles tels que l’urbanisation sans industrialisation (Rodrik 2018) et un basculement de la main-d’œuvre hors de l’agriculture vers des activités de services informelles à faible productivité (Yeboah et Jayne 2018 ; Jayne, Chamberlin, et Benfica 2018). Ces tendances ne laissent pas présager l’émergence d’un secteur secondaire à même d’absorber les nouvelles générations de travailleurs (Rodrik 2016). L’importance de l’agriculture comme premier employeur d'ASS ainsi que le fait qu’une part conséquente de cet accroissement démographique devrait avoir lieu dans les zones rurales (UNDESA 2018) appellent à considérer le rôle du secteur agricole pour faire face au défi de l’emploi à moyen-terme. L’agroécologie constitue une alternative au modèle conventionnel du développement agricole par l’augmentation de la productivité en intégrant les services écosystémiques dans le processus de production. L’hypothèse originale de cette thèse est que les modes de production agroécologiques pourraient contribuer à fournir des activités rémunératrices en ASS, par l’accroissement en travail qu’ils induisent. Afin d’évaluer un potentiel en création d’emploi par l’adoption de l’agroécologie dans l’agriculture familiale, des données primaires ont été collectées dans la zone des Niayes au Sénégal auprès de 180 ménages ruraux, dont 50 engagés dans l’agriculture biologique. Le premier article de la thèse propose une méthode pour évaluer des niveaux d’agroécologie entre les exploitations agricoles et compare ceux-ci du point de vue du travail et de la main-d’œuvre. Des scores agroécologiques sont construits à partir des pratiques mises en œuvre sur les exploitations. Ainsi, les exploitations sont groupées en classes avec différents niveaux d’agroécologie ce qui met en évidence un gradient agroécologique de systèmes agricoles. Des variables relatives aux volumes de travail, au nombre et aux types d’actifs impliqués dans l’activité agricole sont ensuite comparées entre ces systèmes sans identifier de différence significative entre ces catégories.Dans le second article, un cadre d’analyse d’économie institutionnelle est proposé pour comprendre le processus de mobilisation de la main-d’œuvre dans l’agriculture familiale qui pourrait être affecté par l’adoption de l’agroécologie. Il est appliqué au contexte des Niayes et permet de comprendre les mécanismes d’allocation du travail observés sur la zone. Ensuite, une analyse économétrique est conduite pour isoler un effet spécifique des pratiques agroécologiques sur l’emploi. Nos résultats ne mettent pas en évidence de création d’emploi liée à l’adoption de ces pratiques dans l’agriculture familiale des Niayes mais suggèrent le caractère multifactoriel d’un tel processus.Enfin, le troisième article vise à caractériser les configurations socio-économiques des ménages ruraux dans lesquelles des formes de production agroécologique, définies par nos systèmes agricoles, sont mises en œuvre dans les Niayes. Pour ce faire, une classification hiérarchique à composante principale est mobilisée. Ces configurations sont ensuite comparées aux modèles agricoles et typologies incluant l’agroécologie de la littérature permettant d’observer un certain décalage avec la réalité des zones rurales d’ASS. Ces résultats illustrent la diversité des modèles agricoles sur le terrain à l’inverse des représentations simplifiées souvent mobilisées dans les discussions sur le développement agricole.Sub-Saharan Africa (SSA) is experiencing massive population growth, which is exerting increasing pressure on labor markets. The latest United Nations demographic outlook report shows an increase of one billion human beings on the continent by 2050, accounting for 52% of the world's population growth (UNDESA 2019). However, some of the recent economic progress in the region is believed to be based on reversible processes such as urbanization without industrialization (Rodrik 2018) and a shift in the workforce from agriculture to informal low productivity service activities (Yeboah and Jayne 2018; Jayne, Chamberlin, and Benfica 2018). These trends do not suggest the emergence of a secondary sector capable of absorbing new generations of workers (Rodrik 2016).The importance of agriculture as the main employer of SSA as well as the fact that a significant part of this population growth is expected to take place in rural areas (UNDESA 2018) call for considering the role of the agricultural sector in facing the employment challenge. Agroecology is an alternative to the conventional model of agricultural development by an increase in productivity. This form of agriculture integrates ecosystem services into the production process. It has become increasingly important in discussions about which development models to adopt in SSA. Initially limited to agricultural practices based on ecosystem processes at the farm plot scale, the concept evolved to support transformations at the scale of the entire farm and up to the food system (Wezel et al 2020).The original hypothesis of this thesis is that agroecological production methods could contribute to providing income-generating activities in SSA, through the labor increase they induce. In order to assess a potential for job creation with the adoption of agroecology in family farming, primary data was collected in the Niayes area in Senegal from 180 rural households, including 50 engaged in the organic farming.The first article of the thesis proposes a method to assess agroecology levels between farms and compares these from a labor perspective. Agroecological scores are constructed from the practices implemented on the farms. Thus, farms are grouped into classes with different levels of agroecology, which highlights an agroecological gradient in agricultural systems. Variables related to the volume of work, the number and types of workers involved in agricultural activity are then compared between these systems without identifying any significant difference between these categories.In the second article, an institutional economics analysis framework is proposed to understand the process of labor mobilization in family farming that could be affected by the adoption of agroecology. It is applied to the context of the Niayes and helps to understand the labor allocation mechanisms observed in the area. Then, an econometric analysis is conducted to isolate a specific effect of agroecological practices on employment on farms. Our results do not highlight job creation linked to the adoption of these practices in family farming in Niayes but suggest the multifactorial nature of such a process.Finally, the third article aims to characterize the socio-economic configurations of rural households in which forms of agroecological production, defined by our agricultural systems, are implemented in the Niayes. To do this, a hierarchical classification on principal components (HCPC) is mobilized. These configurations are then compared to the agricultural models and typologies including agroecology in the literature, making it possible to observe a certain gap with the reality of rural areas of SSA. These results illustrate the diversity of agricultural models in the field, unlike the simplified representations often used in discussions on agricultural development