Women trade unionists' mobilizations for equality in post-revolutionary Tunisia : the case of the Tunisian General Labor Union (UGTT)

L’union générale tunisienne du travail (UGTT) a joué un rôle majeur dans l'encadrement des mouvements de protestations sociales en 2010 et 2011 et la transition démocratique en Tunisie. Alors qu’une loi sur la parité est adoptée pour le champ politique (qui permet l’arrivée de 27%de femmes à l’Assemblée) et que le contexte sociopolitique se caractérise par un renouveau des mobilisations féministes, quelle place le syndicat majoritaire réserve-il aux femmes ?La thèse retrace tout d’abord une brève histoire croisée entre le syndicalisme et le(s)féminisme(s) en Tunisie depuis les années 1950. Elle explore le rapport de l’UGTT aux droits des femmes et la place du pôle syndical dans « l’espace de la cause des femmes » tunisiennes, à partir de deux mobilisations contemporaines en Tunisie. La première est celle du mouvement Hrayer Tounes en 2013, qui a eu pour objectif et a permis que le principe juridique de l’égalité femmes-hommes soit intégré dans la Constitution de 2014. La deuxième mobilisation concerne l’égalité dans l’héritage, portée par une coalition d’associations féministes en 2019.Fondée sur une ethnographie de longue durée de formations et congrès syndicaux et complétée par des archives et une centaine d’entretiens biographiques, la seconde partie analyse une séquence historique courte, entre le premier congrès post-révolution en 2011 et le congrès de2017. Une intense mobilisation collective a impliqué des centaines de femmes qui se sont convaincues de l’utilité d’un quota de sexe pour favoriser la « démocratie de genre » au sein deleur syndicat (composé de 48% d’adhérentes mais aucune femme au bureau exécutif). Cette thèse expose le « répertoire d’actions » de cette bataille pour l’égalité interne au sein de l’UGTT jusqu’au congrès de 2017, qui a permis l’adoption d’un quota de deux femmes minimum par structures et l’élection historique d’une première femme au bureau exécutif depuis soixante ans. Elle étudie également l’influence directe et indirecte des organisations internationales, dans la promotion de la place des femmes, mais également des jeunes au sein de l’UGTT. Cette recherche explore enfin les mécanismes multiples qui fabriquent le « plafond de verre »rencontré par les femmes au sein de l’UGTT et elle expose la façon dont la « culture masculine » de l’organisation syndicale tend à faire des femmes des intruses dans les postes de pouvoir, avec des facteurs classiques et spécifiques à la Tunisie (comme le cumul des mandats syndicaux et/politiques, le faible droit syndical dans le secteur privé, ou la différence entre Tunis et des régions rurales). Grâce à ce quota, une centaine de femmes ont intégré les instances des structures syndicales intermédiaires, fédérations et régions, en 2018.The Tunisian General Labour Union (UGTT) played a major role in framing the social protestmovements in 2010 and 2011 and the democratic transition in Tunisia. At a time when a lawon parity has been adopted for the political field (allowing 27% of women to be elected to theAssembly) and the socio-political context is characterised by a renewal of feministmobilizations, what place does the majority union reserve for women?The thesis starts by tracing a brief history of trade unionism and feminism(s) in Tunisia sincethe 1950s. It explores the relationship of the UGTT to women's rights and the place of the tradeunion pole in the Tunisian "women's cause space", based on two contemporary mobilizationsin Tunisia. The first is that of the Hrayer Tounes movement in 2013, which aimed for andenabled the legal principle of gender equality to be integrated into the 2014 TunisianConstitution. The second mobilization concerns equality in inheritance, carried by a coalitionof feminist associations in 2019.Based on a long-term ethnography of trade union trainings and congresses and supplementedby archives and a hundred biographical interviews, the second part analyses a short historicalsequence, between the first post-revolution congress in 2011 and the 2017 congress. An intensecollective mobilization involved hundreds of women who became convinced of the usefulnessof a gender quota to foster 'gender democracy' in their union (which is 48% female, but had nowomen on the executive board in 2011). This thesis outlines the 'repertoire of actions' in thisbattle for internal equality within the UGTT up to the 2017 congress, which saw the adoptionof a minimum quota of two women per structure and the historic election of the first woman tothe executive board in sixty years. It also examines the direct and indirect influence ofinternational organisations in promoting the position of women and youth within the UGTT.Finally, this research explores the multiple mechanisms that create the "glass ceiling"encountered by women within the UGTT and exposes the way in which the organisation's "maleculture" tends to make women intruders in positions of power, with classic factors and specificfactors to Tunisia (such as the accumulation of union and political mandates, the weak unionrights in the private sector, or the difference between Tunis and rural regions). Thanks to thisquota, about a hundred women have joined the bodies of intermediate trade union structures,federations and regions, in 2018