Aristocracy-at-arms : violence, Distinction and Counter-Revolution in Revolutionary Paris (1789-1800)

« Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune » affirme l’article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789. Dans la pensée révolutionnaire, l’aristocratie apparaît comme la distinction la plus inutile et la plus parasite qui soit. Évincée par la perte de son hégémonie politique et de ses privilèges héréditaires, elle devient subitement une condition marginalisée et assiégée qui, pour maintenir sa distinction, doit s’armer et se défendre. L’imaginaire (référence chevaleresque, modèle féodal) qui légitime cette auto-défense aristocratique illustre la croyance en une violence plus « modérée » que la violence révolutionnaire tout en justifiant des choix tactiques et opérationnels pour le moins dépassés. À Paris, l’opposition armée à la Révolution prend, dès juillet 1789, une dimension aristocratique – à la fois élitiste et antipopulaire – qui ne s’est jamais démentie. Cette caractéristique a orienté le recrutement et le comportement des combattants et empêché la capitale de devenir un véritable champ de bataille contre-révolutionnaire ou le cadre d’un soulèvement massif sur le modèle vendéen. Elle a aussi contribué à transformer l’aristocratie en une conjuration armée : les combattants « royalistes », « contre-révolutionnaires » ou « réactionnaires » en action à Paris œuvrent autant à la défense d’une cause politique qu’à celle d’une distinction personnelle perçue comme identitaire. L’aristocratie dont il est question ici est donc davantage une « disposition d’esprit » qu’une caste fermée. Elle ne se définit pas par une appartenance sociale et lignagère à un second ordre désormais révolu, mais par une aspiration à la distinction et à la domination qui peut être vindicative – pour les nobles déclassés – ou mimétique – pour les roturiers fascinés. En termes méthodologiques, faire l’histoire par le bas des acteurs de l’opposition violente à la Révolution est un moyen de réfléchir aux usages des grandes catégories de « royalisme » ou de « contrerévolution » en montrant la complexité des logiques individuelles qu’elles généralisent. Le choix d’une approche centrée sur les combats et leurs combattants est également un moyen de proposer une relecture opérationnelle de certaines insurrections (5-6 octobre 1789, 10 août 1792, 13 vendémiaire an IV), de certaines luttes territoriales (la défense des Tuileries en 1791- 1792, la reconquête réactionnaire de la rue entre l’été 1794 et l’été 1797) ou de certaines modes subversives (le duel, la résistance au service militaire, les bandes de jeunes).The first article of the Declaration of the Rights of Man and of the Citizen —adopted on the 26 of August 1789— states that “social distinctions may be based only on considerations of the common good.” In revolutionary thinking, aristocracy appears to be the least useful and the most parasitic distinction possible. Evicted following the loss of its power hegemony and its hereditary privileges, it suddenly became a besieged and marginalized condition which required the taking of arms in order to maintain its distinction. References to chivalry and the feudal system, stemming from collective imagination and legitimizing aristocratic self-defense illustrates the belief in a more ‘moderate’ type of violence built in opposition to revolutionary violence, all the while justifying largely outdated strategic and operational decisions. From July of 1789 the armed opposition to the revolution took on an aristocratic dimension —both antipopular and elitist— that was never contradicted. This particularity influenced both the recruitment and the behavior of soldiers and prevented the capital city from becoming a true counter-revolutionary battlefield or being the site of a massive uprising similar to that of Vendée. This opposition also contributed to giving the aristocracy a military raison d’être. The ‘royalist’, ‘counter-revolutionary’ or ‘reactionary’ soldiers fighting in Paris were doing it as much for a political cause, as they were doing it out of a personal one, which they perceived as crucial to their identity. The type of aristocracy considered here is therefore more one of ‘state of mind’ rather than an exclusive caste. It is no longer defined by social status and lineage, but rather by an aspiration to distinction and domination. This aspiration could be vindictive, for aristocrats who had lost their status, or mimetic, for fascinated commoners. In terms of methodology, This history from below approach —considering the actors of the violent opposition to the revolution— is a way to question broad categories such as ‘royalism’ or “counter-revolution’ by focusing on the conflicts and those taking part in them to offer an operational rereading of certain insurrections (5-6 October 1789, 10 August 1792, 13 vendémiaire an IV), of certain territorial clashes (the defense of the Tuileries Palace in 1791-1792, the reactionary reconquest of the street between the summers of 1794 and 1797) or of certain subversive trends (dueling, aversion to military service and youth gangs)