The bottom of the ladder ? Study on the professional and social condition of garbage collectors and sweepers in the public sector in Paris and its region.

A partir d'une enquête de type ethnographique, cette thèse interroge, au croisement d'une sociologie du travail et des classes populaires, une condition professionnelle et sociale encore peu explorée : celle des éboueurs et des balayeurs du secteur public, à Paris et en région parisienne. Tandis que les milieux populaires ont été traversés par des évolutions structurelles majeures, un processus de déprolétarisation a conduit à transformer ce « sale boulot » en « bon plan » sur le marché du travail non qualifié pour des classes populaires désireuses de se stabiliser en entrant dans la fonction publique « par le bas ». Que veut dire être éboueur ou balayeur dans le secteur public aujourd'hui ? Que veut dire être stable, mais en « bas » de l'échelle professionnelle ? S'intéressant d'abord aux conditions de travail, la thèse montre que les bénéfices de l'emploi public s'étendent aux situations concrètes de travail, le secteur public pouvant alors représenter une alternative pour se soustraire aux contraintes du secteur privé. Elle rend également compte de la « tertiarisation » du travail et de ces travailleurs, dont la dimension relationnelle du métier a été renforcée, et qui sont donc aujourd'hui plus qu'hier des « ouvriers des services ». L'enquête parvient ensuite à éclairer la diversité interne du groupe en mettant en évidence l'espace des différences sociales en son sein. La thèse souligne la pluralité des rapports au travail, la diversité des usages ou fonctions de l'emploi public et les effets de ce dernier sur les trajectoires et les modes de vie. Ainsi, l'accès à la fonction publique peut autoriser une stabilisation voire une promotion sociale et le travail, positivement investi, est susceptible d'être considéré comme un véritable métier. Mais lorsqu'il est jugé indésirable, le travail peut aussi être vécu en négatif par des personnes qui se sentent captives de leur emploi ou en décalage par rapport à leur situation professionnelle. En montrant que ces divergences sont liées à des écarts en termes de trajectoires, de générations, de ressources, d'aspirations et de styles de vie, la thèse identifie des pôles de travailleurs et met au jour une stratification au sein du groupe. Enfin, en saisissant les rapports concrets que ces ouvriers entretiennent, dans le cadre de leur travail, avec des groupes sociaux situés « au-dessous » et « au-dessus » d'eux, l'enquête parvient à décrire empiriquement une condition ambivalente, caractérisée par la subalternité, une relative sécurité économique ainsi qu'un certain degré de participation sociale, mais aussi des formes de vulnérabilité. L'enquête montre ainsi comment la dualité qui caractérise la condition de ces travailleurs subalternes - stables et protégés, mais modestes donc fragiles - contribue à façonner des styles de vie et des propriétés culturelles à la croisée des classes populaires et des catégories intermédiaires. En appréhendant le salariat d'exécution au prisme de la stabilité et en mobilisant une sociologie du travail et des travailleurs, l'étude de ces ouvriers du public espère ainsi plus largement contribuer à l'exploration des fractions médianes - stables, mais modestes - des classes populaires contemporaines.Based on an ethnographic-type study, this thesis questions, at the crossroads of a sociology of work and the lower classes, a professional and social condition that has yet to be explored: that of garbage collectors and sweepers in the public sector, in Paris and its region. While the working-class circles have been crossed by major structural changes, a process of deproletarization has led to transforming this "dirty job" into a "good plan" on the non-qualified labor market for workers wishing to stabilize themselves by entering the public service "from below". What does being a garbage collector or sweeper mean in the public sector today? What does it mean to be socially stable, but at the "bottom" of the professional ladder? Focusing first on working conditions, the thesis shows that the benefits of public employment extend to concrete work situations, the public sector then being able to represent an alternative to escape the constraints of the private sector. It also gives an account of the "tertiarisation" of work and of these workers, whose relational dimension of the profession has been strengthened, and who are therefore today more than yesterday "service workers". The study then manages to shed light on the internal diversity of the group by highlighting the space of social differences within it. The thesis underlines the diversity of the workers, of uses or functions of public employment and its effects on trajectories and lifestyles. Access to the public service can allow stabilization or even social promotion and work, positively invested, is likely to be considered a real profession. But when it is deemed undesirable, work can also be viewed negatively by people who feel captive in their job or out of step with their professional situation. By showing that these divergences are linked to differences in terms of trajectories, generations, resources, aspirations and lifestyles, the thesis identifies poles of workers and brings to light a stratification within the group. Finally, by grasping the concrete relationships that these workers maintain, in the context of their work, with social groups located "below" and "above" them, the survey manages to empirically describe an ambivalent condition, characterized by subalternity, relative economic security and a certain degree of social participation, but also forms of vulnerability. The study thus shows how the duality that characterizes the condition of these subordinate workers - stable and protected, but modest and therefore fragile - contributes to shaping lifestyles and cultural properties at the crossroads of lower and middle classes. By apprehending executive labor through the prism of stability and by mobilizing a sociology of work and workers, the study of these public workers thus hopes more broadly to contribute to the exploration of the middle fractions - stable, but modest - of the contemporary working classes