The identity transformations of the criminal judge

« Sous quarante degrés, il n’y a plus de loi, mais sous cinquante degrés, il n’y a plus de Dieu ». Ainsi les marins conjurent-ils le sort, lorsqu’ils font face aux vents les plus violents. La procédure pénale française, confrontée à des vagues de réformes incessantes, cherche éperdument son identité. À travers elle, entre Dieu et la loi, se tient le juge pénal. De l’enquête au procès et jusqu’à l’application de la peine, il organise la répression des infractions à la manière d’un véritable maître d’œuvre. Aussi est-il question de l’intervention du juge pénal à chaque étape procédurale. Mais, à pas feutrés ou à grand bruit, de nouvelles formes altèrent son identité. Dans ces entrelacs de pouvoirs, apparaissent des visages, des figures, et des figurants. Les corps et les esprits qui viennent hanter la scène judiciaire, auxquels peut s’ajouter le trouble né du décor tout entier, génèrent un doute sur sa personnalité. En définitive, le juge pénal est partout, tout le temps, sans que l’on sache précisément le reconnaître. À partir des qualités substantielles qui sont unanimement reconnues au modèle choisi - le juge du siège -, cette étude se propose d’évaluer les mutations identitaires qu’il subit. Et la métamorphose est telle, parfois, que sa nouvelle physionomie semble méconnaissable. Difforme, le juge pénal parvient-il encore à assurer le même niveau de garanties auprès des justiciables ? Au gré des traits caractéristiques qui sont les siens, il convient de vérifier le respect d’un procès équitable, à l’heure où l’urgence semble justifier toutes les déviances. Loin d’être anodines, les innombrables transformations consenties défigurent l’acteur le plus emblématique de la procédure pénale, au point de s’interroger sur l’émergence d’une nouvelle identité judiciaire.“South of forty degrees latitude, there is no more law, but south of fifty degrees there is no more god”. With this proverb, sailors ward off fate when facing the strongest winds. French criminal procedure, faced with ceaseless waves of reforms, is desperately seeking its identity. Through it, between god and the law, stands the criminal judge. From the investigation to the trial and up to the enforcement of the sentence, he organizes the enforcement of the law like an orchestra conductor, with his intervention required at each procedural stage. But, quietly or with great fanfare, the identity of the criminal judge is being altered, creating an interlacing of power in which new faces, figures and secondary players start to appear. The frames and spirits coming to haunt the judicial scene, to which may be added the disturbance of the entire setting, cast doubts on the criminal judge’s identity. Ultimately, the criminal judge is everywhere, all the time, whilst his status remains elusive. Based on the unanimously recognized qualities of the sitting judge as a study model, this thesis aims to assess the identity shifts to which the criminal judge has been subjected. And the metamorphosis is, at times, such that this new identity has become unrecognizable. His role being distorted, does the criminal judge still manage to provide the same level of guarantees to litigants? Depending on the criminal judge’s characteristic traits and at a time when urgency seems to justify all deviations, compliance with a fair trial needs to be verified. Far from being trivial, the countless transformations incurred by the criminal judge have disfigured this most emblematic actor in criminal proceedings, to the point of raising the question of the emergence of a new judicial identity