Thèse qualitative sur le vécu des médecins généralistes du Calvados face au mésusage d'antalgiques opioïdes

Introduction: The use of opioid analgesics contributes to improve pain management. However, these drugs are at risk of misuse, in particular because of their addictive potential. The increasing rate of intoxications in these recent years in France exhorts caution. General practitioners being the first prescribers of opioid analgesics, we were interested in their experiences as well as their practices of opioid analgesics misuse. Method: We carried out a qualitative study by semi-structured interviews with 12 general practitioners located in Calvados. Opioid analgesics reimbursement data from 2016 to 2020 were also retrieved. Results: Practitioners encounter difficulties due to the lack of training, time, and access to specialized consultation in addictology or pain assessment. Multidisciplinarity and the role of the general practitioner in the care process are identified as assets. The practices of physician in Calvados are in accordance with the good practice recommandations concerning knowledge of misuse risk factors and warning signs during prescriping. However, screening for risk factors is not systematic and information on the risk of dependence is rarely given to the patient. Conclusion: In order to limit situations of misuse, practitioners ask for better training in addiction and pain and improved coordination between general practitioners and the addiction care network.Introduction : l’utilisation des antalgiques opioïdes contribue à l’amélioration de la prise en charge de la douleur. Cependant, ces médicaments sont à risque de mésusage, notamment à cause de leur potentiel addictif. Le taux croissant d’intoxications ces dernières années en France incite à la prudence. Les médecins généralistes étant les premiers prescripteurs d’antalgiques opioïdes, nous nous sommes intéressés à leur vécu ainsi qu’à leurs pratiques face au mésusage d’antalgiques opioïdes. Méthode : nous avons réalisé une étude qualitative par entretiens semi-directifs auprès de 12 médecins généralistes installés dans le Calvados. Les données de remboursement des antalgiques opioïdes de 2016 à 2020 ont également été récupérées. Résultats : les praticiens se sentent en difficulté due au manque de formation, de temps, et d’accessibilité aux consultations spécialisées en addictologie ou en évaluation de la douleur. La pluridisciplinarité et la place du médecin traitant dans le parcours de soin sont identifiées comme des atouts. Les pratiques des médecins du Calvados sont en accord avec les recommandations de bonnes pratiques concernant la connaissance des facteurs de risques de mésusage et des signes d’alerte au cours de la prescription. Cependant, le dépistage des facteurs de risques n’est pas systématique et l’information du risque de dépendance n’est que rarement donnée au patient. Conclusion : afin de limiter les situations de mésusage, les praticiens sont en demande d’une meilleure formation en addictologie et en douleur et d’une amélioration de la coordination entre les médecins généralistes et le réseau de soin en addictologie