Schumann, écrivain et compositeur : regards sur Chopin

International audienceThis article deals with Schumann’s review for the Allgemeine musikalische Zeitung in 1831, which presents Chopin as a genius and offers a poetic commentary on his Variations for piano and orchestra on Mozart’s “Là ci darem la mano” op. 2 and Schumann’s Variations on Chopin’s nocturne op. 15/3. With his “musical prose”, Schumann offers an unprecedented and innovative form of musical criticism, which clearly claims his poetry and the power of emotions in opposition to a presumed rationality. Visual and sonic evocations intermingle there. Here Schumann describes neither the real or perceptible aspects of Chopin’s nor his personalities, but the fantasized or dreamed figures of the Davidsbund, who fight with him against the Philistines and that he projects in Chopin’s works. There is by Schumann a will to accentuate contrasts by a humor that shakes tradition, and to erase contrasts by the quest for an interiority that is the antithesis of the presumed superficial virtuosity of his time. This tendency is characteristic of the characters of Florestan and Eusebius. The transition from erasure to accentuation of contrasts can be illustrated by the construction of Chopin’s Variations on a nocturne of Chopin, an unknown work illustrating Schumann’s Charaktervariation.Le présent article est consacré au compte rendu de Schumann pour l’Allgemeine musikalische Zeitung qui, en 1831, érige Chopin en génie et offre un commentaire poétique de ses Variations pour piano et orchestre sur « Là ci darem la mano de Mozart » op. 2 et aux variations de Schumann sur le nocturne 15 n° 3 de Chopin. Par sa « prose musicale », Schumann offre une forme inédite et novatrice de critique musicale, revendiquant clairement sa poésie et la puissance des émotions en opposition à une rationalité qui se prétendrait scientifique. Les évocations visuelles et sonores s’y entremêlent. Ici Schumann ne décrit ni les aspects réels ou perceptibles de sa personnalité, ni ceux de la personnalité de Chopin, mais des figures fantasmatiques ou rêvées du Davidsbund, qui livrent avec lui le combat contre les philistins et qu’il projette dans les œuvres de Chopin. On note chez Schumann la volonté d’accentuer les contrastes par un humour qui ébranle la tradition, et d’effacer les contrastes par la quête d’une intériorité aux antipodes de la virtuosité présumée superficielle de son temps. Cette tendance est caractéristique des personnages de Florestan et d’Eusebius. Le passage de l’effacement à l’accentuation des contrastes peut être illustré par la construction des Variations sur un nocturne de Chopin, œuvre méconnue illustrant la Charaktervariation schumannienne