Sous le signe de l'Ancre : troupes de marine et troupes coloniales dans la doctrine militaire française (1871-1914)

La Marne, Verdun-Douaumont, Champagne, La Somme, l'Aisne, autant de noms de batailles qui ornent aujourd'hui les drapeaux des régiments français appartenant aux Troupes de marine. Créées en 1622 par Richelieu dans le but de prendre, puis de défendre de nouvelles conquêtes outre-mer, elles deviennent Troupes coloniales par la loi du 7 juillet 1900 portant organisation de l'Armée coloniale. Durant la période dite de "La Revanche" (1871-1914), ces troupes se retrouvent au cœur de deux phénomènes. D'un côté l'expansion coloniale sans précédente dans laquelle se lance la IIIe République, et dont elles forment, au côté de la Légion étrangère, le fer de lance. Et de l'autre, la réorganisation complète de l'armée française, tant dans sa forme (passage à une armée de conscrits) que dans sa stratégie (élaboration des différents Plans). Cette armée coloniale puise ses effectifs à la fois dans un recrutement européen, stationné en métropole car devant participer à sa défense, et indigène (hors Afrique du Nord) afin de pacifier et de défendre les colonies sans affaiblir la défense continentale. Avec la menace allemande grandissante la mission des troupes indigènes change et leur emploi sur le théâtre européen est de plus en plus envisager. Un certain nombre de questions se posent alors : qu'est-ce qui justifie le maintien d'une troupe coloniale dans la stratégie française tournée vers l'Allemagne ? Quelle place ces troupes y occupent-elles? Comment entre 1871 et 1914, cette armée professionnelle trouve-t-elle sa légitimité et sa place dans les évolutions doctrinales d'une armée républicaine formée de conscrits ? Pour résumer, comment est-on passé de la garde de l'Empire au salut par l'Empire