Montagnes et frontières : les diocèses de Savoie à l'époque moderne, ou la lente appropriation politique d'un espace religieux.

International audienceDuring the Old Regime, the duchy of Savoy covered five dioceses. After the peace of Lyon (1601), two belonged to France (Belley and Grenoble) and three to the duke of Savoy, then king of Sardinia (Geneva-Annecy, Tarentaise, Maurienne). The archbishop of Vienne was the metropolitan of the dioceses of Geneva and Maurienne, and that of Besançon was for Belley. The bishops of the duchy of Savoy were "mountain prelates", with modest episcopal menses and dioceses that were difficult to visit and to administer. They reigned over border dioceses, in terms that were both political (for the Savoyard pre-Alps and the "décanat" of Savoy, and for the country of Gex, which depended on the bishop of Geneva) and religious (with the Protestant presence and the proximity of Geneva). Their relations with Rome were "Gallican" in nature. Over the course of the seventeenth and eighteenth centuries, episcopal administration of high quality were gradually established. This, together with the eventual creation of a diocese in Chambéry (1779), endowed officials in political enclaves (Gex, Chambéry) and certain vicar generals with measures of power that sometimes created difficulties with their bishops. Seventeenth-century Savoyard bishops seem to have been for reasons of training and networking, close to France. However, the creation of the chapter of Superga in Turin in 1717, helped to create an episcopate and diocesan adminstrations that were more oriented toward Piemont. + 1 MAPLe duché de Savoie relève sous l’Ancien Régime de cinq diocèses. Après la paix de Lyon de 1601, deux relèvent de la France (Belley et Grenoble) et trois du duc de Savoie, puis roi de Sardaigne (Genève-Annecy, Tarentaise, Maurienne) ; l’archevêque de Vienne est le métropolitain des diocèses de Genève et de Maurienne, celui de Besançon de Belley. Les évêques du duché de Savoie sont des « prélats des montagnes », avec des menses épiscopales modestes et des diocèses difficiles à visiter et à administrer. Ils règnent sur des diocèses de frontière, et politique (pour l’Avant-Pays savoyard et le décanat de Savoie, comme pour le pays de Gex qui dépend de l’évêque de Genève) et religieuse (avec la présence protestante et la proximité de Genève) et ils relèvent d’une pratique « gallicane » des relations avec Rome. La lente mise en place d’une administration épiscopale de qualité aux XVIIe et XVIIIe siècles, les péripéties pour obtenir la création d’un diocèse à Chambéry (en 1779 seulement) donnèrent aux officiaux nommés dans les enclaves politiques (à Gex, Chambéry) et à certains grands vicaires un pouvoir inhabituel qui les mit parfois en porte-à-faux avec leur évêque. Il apparaît que les évêques savoyards sont par leur formation et leur réseau proches de la France au XVIIe siècle, mais avec la création du chapitre de la Superga à Turin en 1717 naquirent progressivement un corps épiscopal et des curies diocésaines plus tournées vers le Piémont. + 1 CARTE "Une géographie religieuse discordante d'avec la géographie politique