Les Génois en Méditerranée Occidentale (fin XIe début XIVe siècle): Ébauche d’une stratégie pour un empire

This study based on narrative, administrative and above all notarial sources shows how at the turn of the tenth century, in reaction to the harassment of the shores of Liguria by the Fatimids, the Genoese State gradually emancipated itself from imperial tutorship and constituted from the 11th century to the 13th century a naval and economic force which, through military and diplomatic action, succeeded in gaining a foothold in the main centers of western Mediterranean trade. Without succeeding in realizing the political empire they aspired to, the Genoese set up an economic and commercial network which enabled them to develop a speculative system of a capitalist nature and became the obligatory partners of the great powers, the Pope, Angevins, Catalans and Capetians. Served by a socio-economic structure based on the development of financial and naval techniques, the Republic of Genoa became in the 13th century an important center of demographic attraction mixing Italians, Tuscans, Lombards, Sicilians as well as Provençals, Catalans, Jews and North Africans, an emigration stream aimed at populating the counters obtained in the Maghreb, Al-Andalus, Majorca, Provence and southern Italy. It is therefore a picture of the Western Mediterranean in its intermediate medieval phase as well as a history of contracts between Christian and Muslim communities which is envisaged at the same time as an analysis of the genesis of Genoese capitalism.Cette étude basée sur des sources narratives, administratives et surtout notariales montre comment, au tournant du Xe siècle, en réaction au harcèlement des rivages de la Ligurie par les Fatimides, l'État génois s'émancipe progressivement de la tutelle impériale et constitue du XIe au XIIIe siècle une force navale et économique qui, par son action militaire et diplomatique, a réussi à prendre pied sur les principaux centres de commerce de la Méditerranée occidentale. Sans parvenir à réaliser l'empire politique qu’ils ambitionnaient, les Génois ont mis en place un réseau économique et commercial qui leur as permis de développer un système spéculatif à caractère capitaliste et sont devenus les partenaires obligés des grandes puissances, Papauté, Angevins, Catalans et Capétiens. Servie par une structuration socio-économique fondée sur la mise au point de techniques financières et navales, la République de Gênes est devenue au XIIIe siècle un important foyer d’attraction démographique mêlant Italiens, Toscans, Lombards, Siciliens aussi bien que Provençaux, Catalans, Juifs et Maghrébins, tout en alimentant un courant d'emigration destiné à peupler les comptoirs obtenus au Maghreb, en Al-Andalus, à Majorque, en Provence et en Italie du Sud. C'est donc un tableau de la Méditerranée occidentale dans sa phase médiévale intermédiaire ainsi qu'une histoire des contrats entre communautés chrétiennes et musulmanes qui est envisagée en même temps qu'une analyse de la genèse du capitalisme génois