Le rire et la société dans des textes littéraires de Molière à Flaubert

Lachen und Gesellschaft in literarischen Texten von Molière bis Flaubert In der Zeit des Ancien Régime kannte Frankreich eine radikale Abgrenzung der Stile, die mit den Schichten der Gesellschaft übereinstimmte : die Bürger und die einfachen Leute stellten das Personal der Komödie und der Satire dar,Laughter and society in literary texts from Molière to Flaubert The Ancien Régime in France experienced a radical separation of styles corresponding to social stratification : the Bourgeois and ordinary folk made up the figures of comedy and satire, targeted by laughter. Tragedy, however, was reserved for the nobility. The French Revolution abolished the hierarchical structure of society and Victor Hugo opposed the classic principle of separating styles by mixing the registers of the sublime and the grotesque. While Balzac wanted to draw a serious image of the Bourgeois and ordinary folk, ever the laughing stock in classical literature, he also conceived amusing tales placed under the authority of Rabelais. The romantic generation perceived Rabelais as the champion of jocund knowledge, because, from the angle of laughter, the classical period served as a foil. The corrective laughter of classical comedy is also absent in Flaubert’s work. Faced with universal stupidity and the lack of a sense of history, he only had Rabelaisian laughter – laughter that turns everything to irony and saves everything through the power of style alone.L’Ancien Régime en France a connu une séparation radicale des styles qui correspondait à la stratification de la société : Les bourgeois et les gens du peuple constituaient le personnel de la comédie et de la satire qui était l’objet du rire. Le tragique, en revanche, était réservé au personnel noble. La Révolution française abolit la structure hiérarchique de la société et Victor Hugo s’opposa dans sa suite au principe classique de la séparation des styles, en mélangeant les registres du sublime et du grotesque. Si Balzac entendait dresser une image sérieuse des bourgeois et des gens du peuple, livrés à la risée dans la littérature classique, il conçut en plus des contes drolatiques placés sous l’autorité de Rabelais. Si la génération romantique voit en Rabelais le champion du gai savoir, c’est parce que, du point de vue du rire, l’âge classique sert de repoussoir. Le rire correcteur de la comédie classique est également absent chez Flaubert. Face à la bêtise universelle et à l’absence de sens de l’histoire, il ne lui reste que le rire rabelaisien, un rire qui ironise de tout et sauve tout par la seule force du style.Jurt Joseph. Le rire et la société dans des textes littéraires de Molière à Flaubert. In: Revue des sciences sociales, N°43, 2010. Humour et dérision. pp. 56-61