Les communautés rurales en France. Définitions et problèmes (XVe-XIXe siècle)

Rural communities in France : definitions and questions (XVth-XIXth century) In the 1970s and 1980s, a synthesis of the study of rural communities in France was expected to be within reach. But research has increasingly focussed on some questions while neglecting others, such as politics. There have been few studies of the years 1450 to 1650, whereas the end of the Old Regime and the Revolution have attracted widespread interest ; similarly, parish communities (communautés paroissiales) were less studied than local communes (communautés municipales), which looked more like the municipal units created during the Revolution. There is still no synthesis for most regions, and there is a complete lack of comparative works. We do not have yet the necessary elements for such a work, which is difficult to undertake anyway since the topic under study is far from being clearly defined. Therefore this article is less a synthesis than a work aiming at raising questions of terminology (what does «village community», communauté villageoise, means ?), at warning historians against assessing the strength of a community from a strictly agrarian vantage point, at reasserting some of its basic structuring principles and at encouraging comparative studies even over a long period of time, while recalling at all times that a community is a place, a territory and a people all at once. It is hard to count rural communities : the 1789-1790 administrative redistricting into communes might be used as a basis, but nowhere was it accepted as final, and the first serious estimates can be worked out only for An II. The resilience of the network of communes and sections de communes throughout the XIXth century demonstrates the continued importance of localism, of the esprit de localité.Dans les années 1970 et 1980, nous pouvions espérer parvenir à une synthèse dans l’étude de la communauté rurale en France. Or la recherche s’est orientée vers certaines questions en délaissant par exemple le politique. Peu d’efforts ont porté sur les années 1450-1650 alors que la fin de l’Ancien Régime et la Révolution exerçaient leur attraction documentaire et intellectuelle. La plupart des provinces n’ont pas encore bénéficié d’une synthèse et le plus grand nombre de travaux a été consacré aux communautés municipales (ressemblant le plus aux municipalités de la période contemporaine) tandis que, face aux communautés paroissiales, les historiens demeuraient circonspects. Nous n’avons pas rassemblé les éléments nécessaires à une comparaison et celle-ci paraît d’autant moins réalisable eue le sujet de l’étude reste à définir. Cet article ne prétend donc pas réaliser la synthèse attendue. Il veut sensibiliser les historiens à la terminologie et notamment aux ambiguïtés de la communauté villageoise ; critiquer les jugements relatifs à la force ou faiblesse de la communauté sur le seul plan agraire ; rappeler sur quels principes de structuration est fondée la communauté ; encourager des études comparatives et chronologiquement ambitieuses, mais préciser les limites de la comparaison en observant ce qu’est vraiment la communauté à travers trois définitions convenues : un lieu, un territoire et un peuple. Faute de définition uniforme pour l’Ancien Régime, la subdivision communale du territoire français paraît être la seule occasion de compter les communautés. Mais la circonscription communale de 1789-1790 n’a nulle part été considérée définitive et la première nomenclature ne date que de l’An II. La résistance du réseau des communes et sections de commune au XIXe siècle, est aussi la preuve incontestable de la vigueur de l’esprit de localité.Follain Antoine. Les communautés rurales en France. Définitions et problèmes (XVe-XIXe siècle). In: Histoire & Sociétés Rurales, n°12, 2ème semestre 1999. pp. 11-62