La place aux grains de Lourdes au XIXe siècle ou l’impossible transparence des petits marchés ruraux

4. Lourde’s grain market in the XlXth century ; or the unavoidable opacity of local rural markets. To make possible the assessment of the role of the grain market in the host city and its surrounding area, price currents (mercuriales) turn out to be indispensable sources. In the case of Lourdes (Hautes-Pyrénées), these price lists offer a view of the position of a particular market in the network of marketplaces covering the central Pyrénées. At the scale at which price variations were observed, it became clear that concomitant variations in the price of wheat and corn did not correspond to the ones observed in a neighboring metropolis, Toulouse, because of market size and distance from producing areas. Moreover, it turns out that while they were both staples of local food consumption, these two cereals were not substitutes for each other. Price variations in corn, which was always cheaper than wheat, were not function of the yield of the harvest, but of a context of scarcity, whether real or artificially enhanced by local speculative tactics, made possible in turn by the small size of the market and the mutual links uniting market agents.L’étude des mercuriales s’avère indispensable pour juger du rôle que tient la place aux grains dans l’approvisionnement de la ville-hôtesse et de son espace environnant. Dans le cas de Lourdes (Hautes-Pyrénées), elles nous ont donné la possibilité d’appréhender la position de ce marché dans le réseau des places marchandes des Pyrénées centrales. L’échelle choisie pour l’examen des phénomènes a permis de voir que les variations conjointes du prix du froment et du maïs étaient différentes de celles observées pour une grande ville voisine, Toulouse, en raison de la taille du marché et de la distance aux régions d’approvisionnement. En outre, nous y avons appris que, bien que présentes en même temps dans l’alimentation, les deux céréales ne pouvaient véritablement se substituer l’une à l’autre. Ce n’est pas la quantité de la récolte de maïs, toujours meilleur marché que le froment, qui détermine les variations de prix mais le contexte de rareté réelle ou amplifiée par les mouvements spéculatifs locaux, facilités par la taille du marché et l’interconnaissance des acteurs.Bonnain-Moerdijk Rolande. La place aux grains de Lourdes au XIXe siècle ou l’impossible transparence des petits marchés ruraux. In: Histoire & Sociétés Rurales, n°11, 1er semestre 1999. pp. 57-86