Les personnages et leurs modèles de Prévost à Chateaubriand dans les fictions achevées de Claire de Duras (<i>Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut</i>, <i>Julie ou la Nouvelle Héloïse</i>, <i>Paul et Virginie</i> et <i>René</i>)

Arrivée tardivement à l’écriture, devenue « femme-auteur » sans l’avoir réellement souhaité, Claire de Duras (1777-1828) écrit, entre novembre 1821 et septembre 1822, Ourika, Édouard et Olivier ou le Secret à qui Sainte-Beuve prédisait l’immortalité littéraire. L’objectif de ce mémoire est non seulement d’analyser comment certains des romans majeurs du XVIIIe ont pu servir de modèles à Claire de Duras, mais aussi de montrer comment l’auteure arrive à dépasser ses sources (de l’imitation à la subversion). En croisant l’étude de sources et les questions éditoriales avec une recherche intertextuelle l’examen débouche, à partir d’une étude des personnages, sur une poétique rendant compte de l’inscription de l’œuvre dans l’histoire des genres et des formes.Dans les romans durassiens, comme dans leurs œuvres-modèles, ce sont les protagonistes, souvent des couples, qui impulsent le rythme de l’action. Le personnage principal est l’élément nodal autour duquel les autres interagissent quelquefois comme adjuvants, mais plus souvent comme opposants. Ourika, Édouard et Olivier portent le récit, répondant en cela à la définition des « personnages-anaphores » donnée par Philippe Hamon. L’analyse des romans achevés de Claire de Duras, à la lumière des œuvres-modèles, que sont l’Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, Julie ou la Nouvelle Héloïse, Paul et Virginie et René, saisit la filiation qui existe entre les œuvres des Lumières, de la Révolution, et celles de la Restauration : filiation générique, mais aussi thématique et esthétique. Cependant, chez les personnages durassiens, la détermination ne laisse place à aucune alternative à la passion si ce n’est la mort