Vaccination antigrippale au Maroc : quelle évolution après la pandémie A(H1N1)

Après la grippe aviaire, la pandémie A(H1N1) a été l’invité surprise de l’année 2009. Contrairement aux prédictions alarmantes de l’OMS sur le degré de virulence de ce nouveau virus, l’impact sanitaire de la nouvelle pandémie a été minime. Cependant la gestion médiatique, les implications socio sanitaires et les conséquences économiques ont été, pour une majorité de pays, un vrai fiasco. Cette campagne infructueuse contre cette pandémie exagérée et surmédiatisée a discrédité non seulement l’OMS mais aussi les autorités sanitaires de plusieurs pays. L’une des conséquences fâcheuses de cette mauvaise gestion de la pandémie est la défiance avérée, et du moins inquiétante, des populations envers la vaccination antigrippale. Dans ce contexte, nous nous sommes intéressés à la situation de la vaccination antigrippale au Maroc après la pandémie A(H1N1). Notre étude a porté sur deux volets. Le premier concernant l’évolution de l’adhésion de la population à la vaccination antigrippale. Dans ce sens, nous avons mené une enquête transversale auprès du personnel de santé du centre hospitalier universitaire Ibn Sina. Ainsi, d’octobre à décembre 2010, 507 personnels ont été interrogés. Les résultats de cette enquête, comparés à ceux de 2 enquêtes précédentes au même CHU, en 2006 et 2009, ont montré une chute de l’adhésion à la vaccination à 17% par rapport aux taux de couverture vaccinale de 20% et de 22% respectivement en 2006 et 2009. Le Deuxième volet de notre travail a porté sur le marché de la vaccination antigrippale au Maroc et son organisation. Le constat préoccupant qui a été enregistré c’est le manque d’informations du à l’absence sur le terrain de structures de coordination des données sur la vaccination antigrippale. En conclusion, la défiance enregistrée envers la vaccination antigrippale est sans doute liée à la gestion bâclée de la pandémie A(H1N1) à l’échelon mondial qui a suscité une certaine méfiance envers les recommandations des structures sanitaires. Aussi, il est urgent de dissiper cette méfiance à travers, d’une part, une bonne information et sensibilisation de la population, et d’autre part, une organisation performante et transparente du marché de la vaccination dans notre pays