Les dates de la chronique d'Uzes

International audienceLa Chronique d'Uzès fait remonter à Pan 755 la prise de Nîmes par Guillaume, et J. Bédier souligne combien cette date est fausse, et même grossièrement invraisemblable (Légendes épiques, I, pp. 165 s.), puisque le seul moment où les Sarrasins pour raient s'être emparés de Nîmes est l'année 793. La Chronique d'Uzès est donc décalée de trente-huit ans par rapport à la vraisemblance historique : et c'est là un nombre si connu en chronologie, qu'on imagine mal qu'il puisse être fortuit. Il correspond en effet à la différence qui existe entre Père d'Espagne et Père chrétienne-dans l'autre sens, il est vrai, puisque celle-là avance de trente-huit ans sur celle-ci. Il faut donc supposer que le rédacteur de la Chronique d'Uzès, trouvant dans sa source mention de la prise de Nîmes en 793, en retrancha 38 ans parce qu'il crut à une datation espagnole : et pourquoi pas, influencé par la résidence que le Guillaume de l'épopée fait habituellement à Barcelone ! La Chronique d'Uzès fait par ailleurs mourir Guillaume en 779, au lieu de Pan 821 que donnent les historiens. La même rectification par 38 nous amènerait jusqu'en 817 : une erreur de cinq ans dans le calcul des équivalences auquel dut procéder le rédacteur ne nous semble pas exorbitante ; elle serait même si conforme à la réalité des siècles peu amis des chiffres qu'on se laisserait volontiers aller à voir dans cette erreur la preuve de l'authenticité du calcul que nous avons supposé, si la solution n'était plus simple encore : «Anno Domini DCCLXXIX obiit Guillermus monachus, qui antea fuerat cornes» demande tout bonnement à être rectifié en «Anno DCCLXXIV»